Quand on se compare, on se console vraiment?

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Nous avons tous une grande facilité à nous comparer aux autres. Notre éducation et la société au sens large contribuent allègrement à ce réflexe de juger autrui ou soi-même. Toutefois, cela induit souvent autant de l'insécurité que de l'agressivité. Alors, comment sortir de cette manie qui crée tellement de charge mentale?

Ce WE, mon attention a été attirée par un article paru dans un journal belge. Il traitait de la manière dont on percevait nos collègues, alors que la critique est souvent facile.

Pourquoi sommes-nous si prompt à identifier les défis de nos collaborateurs, de nos patrons ou de nos employés? Pourquoi nous surestimons-nous et sous-estimons nos collègues?

L’auteur faisait aussi le lien avec notre attitude à la maison alors que, parfois, on croit que seul nous-même en faisons assez, faisons bien les choses, considérons correctement les autres membres de la famille, etc.

Qui ne met pas ses ustensiles sales au lave-vaisselle? Qui a laissé les lumières allumées à l’étage? Qui n’a pas balayé la terre laissée dans le hall? Qui a encore oublié de… ou de…?

QUAND ON SE COMPARE

Il attribuait ce comportement à cette manie que nous avons de toujours nous comparer. Nos parents nous critiquaient en nous comparant à nos frères, nos soeurs, nous cousins.

Nos enseignants en faisaient de même. La pire phrase mondialement connue « vous êtes la pire classe que je n’ai jamais eue, » qui traduisait surtout l’impuissance du professeur à canaliser l’énergie du groupe-classe.

Les sports, les examens, les prix, etc. Toute la vie moderne nous convie à comparer et à critiquer. Quelle énergie inutilement dépensée!

Dans ce processus, il y a un biais cognitif attribué au concept « acteur-observateur, » c’est-à-dire que nous avons tendance à attribuer le comportement des autres à des causes internes (paresseux, incompétents, maladroits, tire-au-flanc, malpropre, etc.) et notre propre comportement à des causes externes (surcharge, météo, trafic, etc.).

LA POSTURE VICTIME-BOURREAU

Un autre phénomène, c’est notre facilité à nous sentir des victimes, ce qui justifie dès lors une réactivité contre autrui. On se comporte alors en bourreau.

Le monde du cirque joue sur trois personnages, dont deux reviennent fréquemment dans des duos comiques ou des comédies cinématographiques. Le clown rouge, ou l’Auguste, fait des gaffes, alors que le clown blanc lui fait la morale.

Le premier, c’est la victime; le second, c’est le bourreau. Ça marche à tous les coups, tellement ce duo reflète de nombreuses relations que nous avons nouées au fil du temps.

Guy Corneau avait écrit un livre sur ce thème: « Victime des autres, bourreau de soi-même » paru en 2003, mais encore tellement d’actualité.

Somme toute, on se fait mal à soi-même en ce positionnant en victime. Il invitait à la responsabilisation de soi.

Le triangle de Karpman traite de cette situation, ajoutant le Sauveur comme troisième posture. Celle qui nous donne bonne conscience.

Le problème, c’est qu’il n’y a aucune porte de sortie dans cette théorie, certes intéressante, mais incomplète.

LA RECHERCHE DÉSESPÉRÉE DE LIENS GRATIFIANTS

En fait, nous avons tous deux besoins, comme je l’expliquais dans une de mes premières vidéos disponibles en podcast: le double défi de toute relation affective.

La recherche de liens sereins, de relations saines, nous poussent vers autrui. C’est inné. C’est génétiquement programmé.

Malheureusement, l’autre n’est pas toujours disponible. Il a sa propre réalité.

Alors, les tensions victimes-bourreaux permettent de maintenir un minimum de lien. Comme l’enfant qui préfère de l’attention négative à pas d’attention du tout.

On part du principe « si l’autre me considérait, il ferait ceci… ou ne ferait pas cela ».

On se coince alors dans la posture de victime: on se sent impuissant; on ne veut pas toucher à la peine; on frustre; et, éventuellement, on critique ou on décharge l’agressivité retenue depuis le réveil, voire plusieurs jours. On agit en bourreau.

Prenez quelques minutes pour regarder vos relations amicales et familiales. Essayez d’identifier cette dynamique. Regardez comment elle consomme votre énergie vitale.

Il n’est pas toujours nécessaire de rompre la relation, même si parfois la toxicité psychologique est telle qu’il vaut mieux se dire « merci pour ces années d’amitiés, mais maintenant je réoriente ma vie vers des relations saines et sereines. »

Parfois, il n’est pas possible de tourner la page. On a peu de pouvoir sur les membres de l’équipe professionnelle et il y a la réalité des familles. Alors, comment s’en sortir? On peut arrêter de se comparer, mais c’est plus facile à dire qu’à faire!

UTILISER LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE POUR SE TRANSFORMER

Force est de constater qu’une des heureuses conséquences de la crise sanitaire, c’est l’épuisement mental.

Les demandes en adaptation ont été tellement intense depuis 2,5 ans, qu’on constate soit un épuisement, soit de l’agressivité, tel que je l’expliquais dans le texte: « Vous sentez-vous dépassé? »

Et si c’était aussi une chance?

En fait, l’épuisement actuel ne fait qu’accentuer la situation. Si c’est normal et que cela s’explique, c’est aussi une opportunité pour transformer notre manière de voir la vie et d’agir en relation avec autrui.

L’épuisement mental réduit nos réactivités. C’est ainsi que nous avons l’occasion d’identifier nos croyances et nos biais cognitifs, issus de l’éducation que nous avons vécue et que nous transmettons involontairement comme parents.

J’illustrais notamment la puissance de certaines croyances dans un précédent texte.

Profitons-en: identifions-les et transformons nos pensées!

Nous allègerons alors notre charge mentale et nous pourrons recouvrer une certaine quiétude de l’âme.

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