Allez! Hop! Poubelle!

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Les événements de notre enfance ont parfois généré des croyances qui facilitaient notre socialisation. Souvent, elles sont utiles. Parfois, elles sont à l'origine de comportements défensifs ou d'habitudes de vie qui compliquent notre vie sociale, alors que nous sommes devenus des adultes. Alors, comment les identifier et les transformer pour adopter une manière de vivre plus cohérente avec nos valeurs et aspirations?

Au moment de vous écrire, je viens de finaliser mon repas. Je n’ai clairement plus faim. Toutefois, il restait des pâtes dans la casserole que j’avais utilisée. Trop pour le moment. Pas assez pour un prochain repas. Le réflexe? Les mettre dans mon assiette et les manger, en me coupant des sensations de satiété.

ALLEZ! HOP! POUBELLE

Heureusement, mon esprit se met en action. Il regarde, analyse, se souvient et réorganise le choix instinctif qui vient d’être appliqué.

C’est ainsi que je reprends le contenu déposé dans l’écuelle (je me moque de moi) et je le verse dans un contenant que je dépose dans le frigo pour demain.

Que s’est-il passé dans ma tête, avant de me reprendre?

Tant mon père que ma mère avaient comme habitude quand j’étais enfant de verser le reste des plats dans les assiettes en disant « hop, poubelle ». Ils imposaient que les plats soient vides pour ne pas avoir de « touski » (traduction pour les Européens, ce sont les « tout ce qui reste »).

Pire, j’ai plusieurs souvenirs où mes petits frères refusaient ou pleuraient parce qu’ils n’avaient plus faim et que mon père poussait leur visage dans leur assiette.

Humiliation totale.

« Mange, gamin, de gré ou de force! » auraient-ils pu dire.

Comme j’étais l’aîné, je m’appliquais et protégeais ainsi mes frères.

RISQUES DE SURPOIDS

Plus jeune, j’ai toujours fait beaucoup de sport et je dansais beaucoup (rock, twist, salsa…). Cela permettait de compenser.

Mais, j’en ai fait de moins en moins au milieu des années 2000. Il fallait donc changer de stratégie, pas d’habitude. La croyance est forte.

Il y a 14 ans, nous avons acheté notre bois, puis construit notre maison. Chaque année, je travaille plusieurs semaines chaque été et je perds le surplus accumulé durant l’hiver.

Le problème, c’est que depuis trois ans, je suis overloadé avec tous les mandats que j’ai accepté en formation, en recherche, en clinique, en expertise pour des ministres, en bénévolat, etc. Cela fait trois étés que je bouge peu… et le confinement n’a pas arrangé les choses.

J’ai pris 20 kg. Pas trop mal répartis, mais le ventre s’est arrondi.

Pas parce que je mange mal, au contraire. Je pratique le jeune intermittent depuis des années, nous mangeons bio, nous avons nos propres légumes de quelques mois à l’année entière, etc.

J’ai pris du poids, parce que je mange trop pour ce que j’ai besoin. C’est un problème de sédentarité devenue très importante ces deux derniers étés. C’est aussi un problème de ne pas reconnaître les signaux de satiété.

Depuis plusieurs semaines, je me pose des questions qui tournent toute autour de « comment sortir de cette spirale et retrouver un poids-santé? »

Les micro-tornades qui ont frappé ma région, il y a trois semaines, ont fait en sorte que j’ai travaillé dehors ces deux dernier WE pour bûcher, dégager les branches, restaurer les aires, etc. J’ai déjà perdu 3 kg. Mon corps est prêt à éliminer.

J’ai cette chance: un bon métabolisme. Mais, il faudra que je m’applique tout l’été, tout en changeant mes habitudes de vie.

Comme je mange relativement bien, c’est surtout une question de quantité… induite par la croyance que je dois finir mon assiette en toutes circonstances. Si cette croyance est moins forte, elle réapparaît facilement en état de stress.

Il me faut retrouver ce que mon amie nutritioniste, Dominique Béliveau, appelle l’intelligence alimentaire. Quelque part, la pleine présence permet de « retrouver une meilleure connexion avec la sagesse de (son) corps en redécouvrant le plaisir de manger en pleine conscience » explique-t-elle.

LES CROYANCES INCONSCIENTES

La pleine présence nous permet aussi d’identifier nos émotions et nos idées reçues quant à une activité, une chose ou un phénomène. Ce sont les croyances.

Nous avons tous des croyances inconscientes issues de notre enfance. La vie de famille et l’expérience scolaire nous ont conditionné parfois tellement intensément, mais on ne s’en rend pas nécessairement compte quand tout va bien.

Quand on est « dépassé » – comme j’en discutais lors du précédent texte – à cause de la suradaptation constante, on retombe facilement dans ces vieilles croyances qui nous ont bien servi à nous adapter, mais qui nous jouent des tours aujourd’hui.

C’est un mécanisme naturel, puisque la « survie » conduit à débrancher progressivement nos ressources matures pour se réfugier dans le connu, l’enraciné, le plus visité.

C’est le même mécanisme que chez les personnes qui sont affectées par un fonctionnement ou un trouble de la personnalité. Elles utilisent des comportements normaux durant la petite enfance, voire l’adolescence, mais comme elles sont devenues adultes, cela fait désordre.

Et plus les croyances ou habitudes sont profondes, plus il est difficile de les reconnaître. On croit qu’on est ainsi. Que cela fait partie de nous. Elles peuvent même nous donner l’illusion de réconfort.

Dans le cas de la nourriture, cela fait en sorte que le ventre plein comble le vide de l’angoisse issue d’une suradaptation saturée.

SORTIE DE ZONE DE CONFORT

Alors? Vive la charge mentale. Oui, oui. Vive la charge mentale.

En effet, on est alors fatigué, épuisé, dépassé, irrité… On se réfugie inconsciemment dans ces vieilles croyances qui renforcent des habitudes de vie désuètes.

Donc, on peut les constater plus facilement.

Dépister ces croyances et identifier nos enjeux vont permettre de vérifier si elles ont encore une utilité aujourd’hui.

Par exemple, une bonne soupe réconfortante, la soupe-de-grand-mère, est utile grâce aux légumes qui nous nourissent.

Se réfugier dans les pâtisseries, c’est bon pour un temps, mais c’est pas l’idéal.

Si les croyances n’ont plus de sens, il s’agit alors de changer d’habitudes de vie.

Ne pas s’en faire: c’est plus facile à dire qu’à faire.

En agissant sur la source et pacifiant notre passé, c’est éventuellement plus facile.

En sachant pourquoi on le fait, cela motive bien plus.

Pour moi, je veux perdre ces 17 kg, voire peut-être même 22! Je retrouverais alors la silhouette de ma vingtaine…

Et vous? Quelles sont vos croyances et habitudes de vie que vous aimeriez transformer?

ALLER PLUS LOIN

Comment prioriser votre part de bonheur? Profitez de l’été pour apprendre à prendre soin de vous et repriorisez vos occupations et activités:

Des formations pour prendre soin de vous et vous initier aux outils de la pleine présence:

  1. Choisir la pleine présence pour prendre soin de soi quand le stress est chronique – Une formation animée par Joël Monzée
  2. Prendre soin de soi pour rester serein dans un contexte scolaire plein d’incertitudes – Un micro-programme destiné aux membres des équipes-écoles (approuvé par le MEQ), animé par Joël Monzée et ses collaborateurs.

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