Et si votre alimentation pouvait soutenir votre santé immunitaire?

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J'avais exprimé - lors d'une entrevue - mon étonnement que plusieurs corporations n'avaient pas exposé comment leurs membres pouvaient soutenir la santé immunitaire. Parmi les ordres cités, figuraient les nutritionistes. On peut se demander pourquoi ces experts ne se sont pas prononcés, alors que des études scientifiques expliquent comment certains aliments semblent contribuer à l'efficience du système immunitaire.

Il y a un an, j’écrivais un texte dans ce blogue à propos d’un intéressant dossier dirigé par Richard Béliveau à propos des stratégies qu’on peut utiliser afin de soutenir notre système immunitaire. Dans le contexte du virus émergent qui nous préoccupe depuis plus de deux ans, alors que celui-ci mute très rapidement (ce qui est le cas autant des virus grippaux que coronaviraux), il est précieux de savoir que nos habitudes de vie peuvent aider notre corps à mieux réagir lors d’un contact avec ce pathogène.

Docteur en biochimie, Richard Béliveau expliquait notamment que « l’adoption d’un mode de vie sain permet d’atténuer l’impact de l’immuno-sénescence, tout en diminuant le risque de maladies chroniques incapacitantes, et représente donc à ce titre la meilleure arme à notre disposition pour vivre longtemps et en bonne santé. »

Certes, l’adhésion aux mesures sanitaires a encouragé les annonces sensationnalistes dans les médias. Sur le fond, cela se justifiait sans doute. Sur la forme, la population a été infantilisée et a perdu beaucoup plus qu’elle n’y croit, comme je le mentionnais dans un précédent texte. D’une part, il me paraît urgent de rouvrir le dialogue pour permettre aux citoyens d’être inclus dans les processus décisionnels.

D’autre part, il y a aussi ce que l’on peut faire sur le plan personnel ou familial pour recouvrer un peu de confiance face à une situation très anxiogène pour beaucoup de gens, et ce, d’autant plus que les mesures sanitaires s’estompent progressivement. Que peuvent-ils faire concrètement?

POURQUOI LA NUTRITION FAIT PARTIE DE LA SOLUTION?

Au printemps dernier, Isabelle Huot – docteure en nutrition – avait ciblé quelques aliments qui semblent faire une différence pour soutenir adéquatement le système immunitaire des personnes en santé. Elle expliquait qu’une « saine alimentation est un allié pour optimiser ses défenses naturelles, » tout en ajoutant que « même si certains aliments fournissent des micronutriments et composantes phytochimiques qui pourraient moduler notre système immunitaire, c’est la satisfaction des besoins nutritifs qui reste le facteur le plus important. »

Pour sa part, Richard Béliveau mentionnait que « il n’existe donc pas de remède miracle capable à lui seul d’améliorer nos défenses contre les infections: comme pour la santé en général, le seul véritable moyen de pouvoir compter sur un système immunitaire optimal est d’adopter de saines habitudes de vie qui, collectivement, vont permettre de maintenir l’équilibre essentiel au fonctionnement de l’ensemble des fonctions physiologiques.« 

En effet, les données épidémiologiques disponibles au printemps 2021 expliquaient notamment que le risque d’hospitalisation en cas de C19 était largement augmenté par l’obésité (80% des hospitalisations dues à l’infection coronavirale) et que les décès survenaient également majoritairement chez ces personnes (88% des décès).

C’est ainsi que Richard Béliveau expliquait qu’il était notamment important de (1) maintenir son poids normal, (2) faire le plein de vitamine D et (3) bien manger. Il ajoutait également l’importance de bien dormir et de maintenir des activités physiques qui allaient contribuer autant à la santé digestive qu’à réduire le risque de prise de poids.

Pour sa part, Isabelle Huot avait ciblé douze aliments clés pour inspirer vos choix alimentaires: (1) les agrumes, (2) le kéfir, (3) les grains entiers, (4) les légumineuses, (5) les noix et graines, (6) les légumes dont la couleur naturelle est orangée, (7) les petits fruits, (8) le tempeh et autres aliments fermentés, (9) le poisson gras, (10) l’ail, (11) les champignons et (12) les crucifères. Pourquoi et comment, je laisse Isabelle vous expliquer les raisons qui animent ses recommandations dans cet article du reste fort intéressant.

MAIS ENCORE?

Si je fais attention à mon alimentation depuis plus de 20 ans, il n’en reste pas moins que les liens entre la santé immunitaire et les aliments m’étaient moins connus que je le souhaitais. Aussi, j’en ai parlé avec un docteur en biologie, Éric Simard, qui a consacré son expertise à proposer des suppléments alimentaires pour prévenir certaines maladies.

Éric et moi, nous nous connaissons depuis longtemps et discutons fréquemment ensemble, alors que nous avons fondé – avec une cinquantaine de collègues – l’Association professionnelle pour une santé intégrative en décembre 2019. D’ailleurs, cela fait plusieurs années qu’il me proposait de participer au blogue de sa compagnie pour discuter du cerveau et des émotions.

Par manque de temps, je déclinais ses invitations, mais mon questionnement sur les aspects préventifs pour soutenir le système immunitaire nous a amené à rédiger un texte sur « les rendez-vous manqués » depuis le début de la crise sanitaire en matière de saines habitudes de vie qui contribuent à soutenir le système immunitaire.

Durant la rédaction de ce texte, il me transmis alors une série d’articles, cités plus bas, pour expliquer que « plusieurs dizaines d’études démontraient des conséquences plus importantes des infections en lien avec certaines carences alimentaires, alors que les comorbidités liées à l’obésité sont très fréquentes chez les personnes hospitalisées ou, malheureusement, décédées.« 

C’est ainsi que, comme je l’ai mentionné dans une entrevue il y a quelques semaines, on peut s’inquiéter des raisons qui ont conduit certains ordres professionnels et les associations corporatives du milieu de la santé à ne pas exposer des moyens concrets qui auraient pu contribuer à réduire la pression sur les hôpitaux due au nombre imposant de personnes malades du covid.

Certes, le risque d’être affublé du sobriquet d’antivax ou de complotiste a poussé de nombreux experts à s’auto-sensurer depuis deux ans. Il n’y a pas de critique, puisque j’ai eu le même réflexe pendant des mois. Nous marchons tous sur des oeufs, tellement la situation est délicate.

Cependant, n’était-ce pas le rôle des ordres professionnels de colliger certaines informations scientifiques et cliniques, puis de prendre la parole justement pour séparer le bon grain de l’ivraie? N’est-ce pas le rôle de ces institutions de protéger le public en expliquant clairement comment les personnes peuvent bénéficier de l’expertise professionnelle développée au sein de leur corporation? Pourquoi sont-ils restés muets, alors que le virus mettait à mal tant la santé des citoyens que le système de santé lui-même? Aurions-nous pu avoir moins de personnes dans les hôpitaux si ces institutions avaient proposés des moyens concrets pour soutenir la santé immunitaire des individus?

Une des explications vient au fait qu’il faut considérer que la compréhension de l’expérience humaine est souvent abordée en silos. C’est autant dû aux luttes de pouvoir entre les corporations qu’à la manière très rigides dont fonctionnent les protocoles de recherche quantitative. Cela a créé une vision très réductionniste de la santé et une perte de vue de la complexité et des synergies physiologiques. De plus, cela a, conséquemment, donné la part belle à l’industrie pharmaceutique qui, avec des produits forçant la réponse biochimique, ont fait croire que seuls la pharmacopée peut contribuer à soutenir ou à recouvrer la santé.

Dans les situations médicales critiques, c’est certain que les médicaments aident les malades. Dans le cas des maladies chroniques, il est possible que différents stratégies pourraient contribuer à soutenir la santé des personnes affectées. C’est ensuite à l’individu de choisir ce qu’il souhaite comme interventions sur la base d’informations complètes sur le plan tant scientifique que clinique.

Le concept de médecine intégrative y trouve un support très prometteur. Pour ce faire, il faut que les professionnels de la santé développent un langage commun et un respect des uns par rapport aux autres, plutôt que d’entretenir une méfiance plus basée sur une méconnaissance qu’un danger singulier. Le risque apparaît parfois bien plus grand quand on ne dialogue pas que lorsqu’on envisage les différentes options avec le patient qui reste souverain de son intégrité physique et psychique.

Somme toute, il y a eu plusieurs rendez-vous manqués ces derniers mois pour explorer comment sortir de la crise en impliquant toutes les ressources complémentaires. J’espère sincèrement que, une fois cette crise sanitaire derrière nous, nous ferons collectivement un post-mortem pour identifier les bons coups et les erreurs dans les stratégies proposées aux différents gouvernements et à la population au sens large.

Pour ce faire, il est précieux de rouvrir le dialogue pour encourager autant la réflexion éthique que la mise en lumière des moyens d’éviter de remettre en place de telles mesures sanitaires qui eurent, certes des effets remarquables sur la diminution de la propagation du virus, mais aussi des effets largement dommageable sur les plans éducatifs, psychosociaux et socioéconomique.

PREVENTION, MAIS AUSSI THÉRAPIE?

Cette semaine, des chercheurs belges ont commencé à exposer les résultats d’une étude clinique qui semble démontrer l’efficacité de plusieurs compléments alimentaires administrés chez des patients hospitalisés pour C19. Brièvement, ces chercheurs ont notamment remarqué une récupération accélérée et un congé plus rapide chez les patients qui ont participé à l’étude, alors qu’aucun patient n’a été transféré aux soins intensifs ou n’est décédé, suite à l’ingestion de suppléments alimentaires spécifiques.

Entre avril et octobre 2021, des chercheurs du CHIREC ont mené une étude comparative et randomisée auprès de deux groupes de patients hospitalisés pour cause de C19. Ils ont administré un complément alimentaire contenant de la curcumine, de la quercétine et de la vitamine D. Ces scientifiques se sont intéressé à ces compléments, car ils étaient déjà connus pour leurs propriétés antivirales, antibactériennes et immunomodulatrices.

Respectant scrupuleusement les règles fixées par l’OMS, ils ont administré de la vitamine D aux patients du groupe témoin, car les scientifiques européens sont toujours très hésitants à ne pas donner de traitement qu’ils suspectent efficients au seul prix de faire une publication scientifique. Somme toute, le clinique l’emporte sur le scientifique, mais ce protocole permettait autant de respecter les règles en matière de mesures quantitatives des effets thérapeutiques que des considérations éthiques.

Les patients du groupe expérimental (ceux qui ont reçu les suppléments alimentaires) ont montré une réduction significative de 59% de leur hospitalisation au jour 7 et de 73% au jour 14 par rapport au groupe ayant reçu la Vitamine D. De plus, la diminution du score de sévérité clinique de l’OMS pour le C19 est significativement plus importante (50%) dans le groupe expérimental que dans le groupe témoin au jour 7.

Étant donné le haut taux de vaccination contre la C19 en Belgique, il reste aux chercheurs – dans une prochaine étude – à regarder si le fait d’être ou non vacciné modifie ces résultats. Le nombre de patients nVx était trop petit pour permettre une analyse statistique adéquate.

En résumé, il est important de respecter les mesures sanitaires recommandées par la Santé publique, mais il y a aussi des comportements que nous pouvons adopter chez nous, de manière préventive, en considérant les différentes sphères de la santé. Quelque part, nous avons – individuellement – peu de contrôle sur la pandémie, mais nous pouvons décider de prendre soin de notre santé immunitaire en développant de saines habitudes de vie.

Sur le plan psychologique, le fait de faire attention à notre alimentation, sans tomber dans l’orthorexie ou la bigorexie pour lesquelles l’aide des nutritionistes et des psychologues spécialisés serait très pertinente, nous redonne un espace de choix et de décision qui pourrait contribuer à diminuer les craintes que certaines personnes vivent, alors que les mesures sanitaires sont en diminution depuis plusieurs semaines.

Comme quoi, la santé, c’est un tout. Réduire les stratégies pour prendre soin de soi, de son corps et de son esprit à l’usage de médicaments, aussi performants soient-ils, n’est pas sans risque. Il est urgent que le dialogue entre les professions, mais avec la population, se rétablisse pour qu’ensemble nous puissions dégager des solutions stratégiques efficientes pour vivre en santé.

D’ici là, bon appétit!

QUELQUES SOURCES SCIENTIFIQUES PUBLIÉES AVEC RÉVISION DES PAIRS

Ai, X. and Yang, J. and Lin, Z. and Wan, X. (2021) ‘Mental health and the role of physical activity during the COVID-19 pandemic.’, Frontiers in Psychology: Environmental Psychology, 12, 759987

Uhde M, et al. Intestinal cell damage and systemic immune activation in individuals reporting sensitivity to wheat in the absence of coeliac disease. Gut. 2016 Dec;65(12):1930-1937

Borrelli A et al. Is it time to rethink the burden of non-coeliac gluten sensitivity? A systematic review. Minerva Gastroenterol (Torino), 2021 Dec 21. (ahead of print). PMID: 34929997.

Kumrungsee T. et al. Potential Role of Vitamin B6 in Ameliorating the Severity of COVID-19 and Its Complications. Front Nutr. 2020 Oct 29;7:562051

Hernández JL et al. Vitamin D Status in Hospitalized Patients with SARS-CoV-2 Infection. J Clin Endocrinol Metab. 2021 Mar 8;106(3):e1343-e1353

Asher A. et al. Blood omega-3 fatty acids and death from COVID-19: A pilot study. Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids. 2021;166:102250

Du Laing G. et al. Course and Survival of COVID-19 Patients with Comorbidities in Relation to the Trace Element Status at Hospital Admission. Nutrients. 2021 Sep 22;13(10):3304

Salazar-Robles E. et al. Association between severity of COVID-19 symptoms and habitual food intake in adult outpatients. BMJ Nutr Prev Health. 2021 Nov 12;4(2):469-478.

AUTRES SOURCES EXPOSANT LES RISQUES DE NE PAS CONSIDÉRER L’ALIMENTATION

Racine V. COVID-19: «Ce n’est pas l’âge qui est le facteur majeur», affirme le Dr Richard Béliveau, Journal de Québec, 14 avril 2020 – https://www.journaldequebec.com/2020/04/14/covid-19-ce-nest-pas-lage-qui-est-le-facteur-majeur-affirme-le-dr-richard-beliveau

Walding J. & Ralston J. COVID-19 and Obesity : The 2021 Atlas – The cost of not addressing the global obesity crisis, World Obesity, mars 2021 – https://www.worldobesityday.org/assets/downloads/COVID-19-and-Obesity-The-2021-Atlas.pdf

Béliveau R. Le facteur majeur de la pandémie à l’échelle mondiale, Journal de Montréal, 14 mars 2021 – https://www.journaldemontreal.com/2021/03/14/le-facteur-majeur-de-la-pandemie-a-lechelle-mondiale

Malboeuf M.C. L’urgence de vacciner les personnes obèses, LaPresse, 21 mars 2021 – https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-03-21/l-urgence-de-vacciner-les-personnes-obeses.php

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