La charge mentale (3/3): diminuer l’intensité des symptômes de la charge mentale

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La vie moderne nous offre peut-être plus de confort matériel, mais elle est de plus en plus complexe. Le détecteur de danger nous permet de tenir un moment pour nous adapter à ces situations difficiles. Mais, et c'est nécessaire pour la santé tant de notre coeur que de notre cerveau, on peut avoir l'impression que tout s'effondre.

L’anxiodépression est un état émotionnel qui traduit un épuisement de la capacité d’adaptation d’une personne. L’intensité de la charge mentale, l’impression de plus être capable de relever les défis de la vie familiale ou professionnelle, l’épuisement physique sans qu’aucune activité corporelle ne puisse l’expliquer, les larmes et les émotions à fleurs de peau… toute une série de signes que quelque chose ne va plus.

La vie moderne nous offre peut-être plus de confort matériel, mais elle est de plus en plus complexe. Le détecteur de danger nous permet de tenir un moment pour nous adapter à ces situations difficiles. Mais, et c’est nécessaire pour la santé tant de notre coeur que de notre cerveau, on peut avoir l’impression que tout s’effondre. Quand la charge mentale devient incontrôlable, existe-t-il des moyens pour en réduire l’intensité?

La détresse psychologique est omniprésente chez certaines personnes. Les enfant et les adolescents vont avoir tendance à faire des crises, là où les adultes peuvent s’effondrer. Comment s’en sortir? Comment diminuer l’intensité des symptômes parfois terriblement envahissants?

COMMENT DIMINUER LA DÉTRESSE?

Il y a quelques temps, j’ai participé à une émission radio en compagnie du psychiatre Jean-Pierre Chiasson de la Clinique Nouveau Départ.

L’animatrice abordait la consommation d’antidépresseurs au Québec qui a coûté, en 2011, quelque 420 millions de dollars au système public et aux assurances. Les statistiques européennes et nord-américaines indiquent qu’un individu sur dix consommerait ces psychotropes.

Plus récemment, le Journal de Montréal rapportait qu’un Québécois sur quatre consommait des antidépresseurs.

Mais deux dernières chroniques abordaient:

  1. d’une part, les différentes sources neurologiques des symptômes associés à la dépression, zones sur lesquelles n’agissent pas les antidépresseurs;
  2. d’autre part, l’histoire de Marie – accablée par une intense charge mentale – permettait de se questionner et réévaluer ses objectifs personnels.

II est certain que les données probantes laissent penser qu’un psychotrope est une ressource très indiquée pour soigner un patient en dépression. Or, il y a parfois des tâtonnements nécessaires pour trouver la bonne dose et le bon médicament pour réduire la vigueur des symptômes.

Il est possible qu’il y ait une résistance à la prise du médicament ou que les effets secondaires puissent gâcher l’intervention pharmacologique. Ma pratique révèle que ces difficultés signalent fréquemment la présence d’un trouble de l’adaptation avec humeur dépressive (TAHD), plutôt qu’une dépression sévère.

MIEUX ANALYSER L’EXPÉRIENCE HUMAINE 

Les médecins ont tendance à distinguer deux formes de dépression:

  1. la «dépression sévère» est considérée comme une problématique neuropsychologique liée à un déséquilibre dans la libération de la sérotonine; trois directions thérapeutiques ont montré des résultats très encourageants chez les sujets réellement atteints par cette forme de dépression qui guérissent en trois à douze mois; la personne peut alors choisir ce qui correspond le mieux à ses besoins, ses intérêts ou ses capacités du moment;
  2. la «dépression situationnelle» qui doit plutôt être considérée comme une invitation à réévaluaer des habitudes de vie pour réduire la fréquence ou la puissance de stresseurs; à force de s’adapter, le système nerveux s’épuise et apparaît alors le TAHD, voire le burn-out, souvent englobés dans le diagnostic d’anxio-dépression; dans ces cas là, les antidépresseurs ne servent qu’à stabiliser l’humeur, mais la guérison n’est pas possible et la prise de médicament s’étale sur de nombreuses années.

On s’entend néanmoins que si un patient qui parle de suicide, qui plus est à travers la triade où-quand-comment, l’intervention psychiatrique est urgente. J’ai déjà dû convaincre des patients d’aller immédiatement à l’hôpital, même si le processus psychothérapeutique intervenait sur les sources du TAHD. Dans de tels cas, je leur propose d’appeler quelqu’un de leur entourage pour être accompagné (et sécurisé) durant le trajet et l’attente inévitable à l’urgence. Et s’il avait fallu, cela aurait été via le 9-1-1, quitte à briser la confidentialité (Maumaha Noune & Monzee, 2010) et affecter le lien thérapeutique (Maumaha Noune & Monzee, 2011). Nous avons tous l’histoire d’André DD Fortin en tête dans ces moments-là.

Il ne faut pas oublier que le DSM – la bible des troubles psychiatriques – a ses limites, tel que nous en discutons dans les trois collectifs Neurosciences et psychothérapie.

Les descriptions des psychopathologies ne font pas de distinction en regard des aspects culturels et familiaux, de l’histoire individuelle et du processus de développement de la personne qui s’accompagne d’une transformation des réseaux neuronaux. Quelque part, c’est une photo instantanée, là où un film serait utile pour orienter l’intervention thérapeutique. C’est d’ailleurs une des explications de l’explosion de la consommation de la plupart des psychotropes.

C’est ainsi que le travail en équipe multidisciplinaire est une ressource nécessaire, car un psychothérapeute pourrait investiguer plus largement les habitudes de vie et contribuer à une réévaluation des stratégies de résolution des difficultés, alors qu’un travailleur social ou une infirmière pourrait sensibiliser l’individu et sa famille à l’usage de meilleures habitudes de vie. Par ailleurs, comme le Docteur Chiassion le mentionnait, il est nécessaire de renforcer le réseau social du patient, de manière à diminuer la pression exercée sur les systèmes publics. Le médecin peut sensibiliser, mais les organismes communautaires et, surtout, les familles élargies ont un rôle à jouer.

D’AUTRES PISTES

L’humeur dépressive est parfois présente chez des patients que Suzanne Renaud, médecin à l’Hôpital Douglas, nomme «névrotiques» qui, depuis longtemps, n’arrivent pas à choisir des solutions gagnantes face à une difficulté.

Quelque part, c’est le même genre de problématique pour une personne qui se sent impuissante dans une situation particulière. Ou une autre qui n’arrive plus à s’adapter à tous les stresseurs de sa vie. Ou, encore, un individu qui a de beaux idéaux, mais qui vit difficilement le temps que cela prend pour les mettre en œuvre. Dans ces cas-là, la médication peut adoucir le désarroi mais, si rien ne change dans sa manière d’aborder les difficultés de la vie, le patient risque d’être pharmaco-dépendant…

Il en est de même pour une peine d’amour ou les séquelles de gestes d’intimidation. L’estime de soi est fortement bousculée et c’est un accompagnement psychosocial qui mériterait d’être envisagé.

Il y a aussi ce qu’Allan Schore appelle les gabarits émotionnels, c’est-à-dire les mémoires acquises par mimétisme des personnes de l’entourage durant l’enfance. Les comportements, par exemples, d’un parent dépressif ou désabusé par un travail peu stimulant influent sur les représentations neuronales de l’enfant. Plus tard, celui-ci peut adopter, sans s’en rendre compte, des attitudes qui reflètent les symptômes de la dépression, sans qu’il n’y ait de dysfonction neurologique. Dans de tels cas, la psychothérapie pourrait s’avérer une approche à privilégier.

Parfois, comme je l’expose dans mon livre J’ai juste besoin de votre attention, des réactions sont transmises par les parents, suite à un trauma qu’eux-mêmes ou leurs parents ont vécu. De même, il y a une vie de neuf mois qui est souvent négligée par la science, car ses effets sont difficilement mesurables. Ma pratique clinique montre toutefois que des mémoires inconscientes peuvent créer – sans raison apparente – des réactivités pouvant conduire à l’anxiodépression.

Pour l’ensemble de ces cas-là, la psychothérapie est un passage à envisager très sérieusement, mais la méditation pleine conscience et la respiration profonde sont des outils qu’une personne peut développer pour réduire l’intensité des symptômes.

IMPLIQUER LE CORPS DANS LE PROCESSUS THÉRAPEUTIQUE

Également, la pratique d’un sport sur une base régulière peut être utile. Outre l’opportunité de réduire la pression psychique accumulée, il a été démontré que l’activité physique cyclique (marche, course ou nage d’endurance) réduisait la gravité des symptômes de la dépression.

Le psychiatre Herman van Coppenolle a d’ailleurs proposé à ses patients de marcher sur des tapis roulants et cette pratique s’est montrée aussi efficace que l’usage d’antidépresseurs. On peut également supposer qu’une activité de type aérobic permette de mieux oxygéner le cerveau, ce qui contribuera à une meilleure fluidité des pensées.

Quand on compare l’efficacité des trois stratégies thérapeutiques, on constate qu’une dépression peut se traiter par antidépresseurs, psychothérapie et pratique d’une pratique sportive cyclique. Dans les trois cas, cela prend entre 3 et 12 mois pour recouvrir sa santé mentale.

Mieux. La recherche démontre que, même en cas d’une vraie dépression majeure, la pratique d’une activité physique cyclique protège mieux du risque de rechutes que la prise de médicaments ou qu’une psychothérapie.

LES MÉDECINES DOUCES COMME PRATIQUES DE SOUTIEN

Enfin, mes collègues ostéopathes m’ont rapporté que certains patients répondant aux critères de la dépression avaient subi plusieurs commotions cérébrales. Celles-ci n’ont pas besoin d’être sévères pour laisser des séquelles sur l’humeur. Un suivi en ostéopathie peut éventuellement apporter une aide non négligeable.

Par ailleurs, des ostéopathes et des chiropraticiens signalent aussi qu’une compression du nerf vague pourrait induire des états dépressifs. Ce n’est pas pour rien que des chercheurs ont réussi à sortir des patients de leur dépression majeure en mettant une biopuce sur le nerf vague, alors qu’ils étaient résistants à toute autre forme de thérapie.

Et que dire de l’influence des hormones sur l’humeur. C’est assez bien documenté que certaines femmes vivent des déséquilibres de leur humeur selon leur cycle menstruel, lors des premières semaines de grossesse ou lors du retour au travail qui affecte l’allaitement, ainsi qu’à la ménopause. Là encore, un traitement ostéopathique ou, pourquoi pas, en acuponcture permettra sans doute de rééquilibrer le système hormonal.

DÉVELOPPER UNE SAINE GESTION DE SES ÉMOTIONS

Dans nos formations en ligne pour mieux vivre l’anxiété et réduire l’intensité de la charge mentale, je vous présente:

  1. des outils pour mieux comprendre ce qui se passe entre nos deux oreilles;
  2. différentes solutions qui permettent de mieux vivre les situations stressantes.

Comme chacun a sa couleur, les stratégies sont potentiellement différentes. En découvrant une vaste série de moyens concrets, vous pouvez vous construire votre boîte à outils!

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