L’organisation et la gestion du temps (2/4): de jeunes enfants, ce n’est pas de tout repos!

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Avez-vous l’impression de toujours répéter les mêmes choses à votre enfant le matin ? « Habille-toi ! Viens brosser tes dents ! Dépêche-toi ! Nous n’avons plus le temps de jouer, c’est le temps de partir…» Vous arrive-t-il de perdre patience et d’hausser le ton pour vous sentir écouté, entendu ? Vos matins sont-ils synonymes de douceur et de légèreté ou davantage une course contre la montre où vous êtes sans cesse en train de donner des consignes à votre enfant ?

Il est tout à fait normal que vous et votre jeune enfant ne soyez pas au même diapason concernant la gestion du temps, car le temps ne s’écrit pas de la même manière pour votre jeune enfant que pour vous-même !

  • Qu’est-ce qui explique une compréhension du temps qui est différente ?
  • Comment les enfants comprennent-ils le temps ?

Afin de mieux comprendre comment les jeunes enfants perçoivent le temps, voici la petite histoire de Sacha, 4 ans, et de sa famille.

LA COURSE CONTRE LA MONTRE LES MATINS DE SEMAINE

Les matins de la semaine doivent être efficaces chez Nadine et sa famille. En une heure, du réveil au départ de la maison, tout doit s’exécuter au quart de tour pour permettre l’atteinte des objectifs du petit matin : arriver à temps à la garderie, au bus et au travail ! Rien que ça, cela demande une excellente gestion du temps pour Nadine.

Sa fille de 7 ans arrive à bien faire ses différentes tâches matinales. La fillette a toujours eu de la facilité à réaliser les différentes tâches routinières. Cela la rend fière et elle se plait de dire à sa maman qu’elle a tout fini.


En revanche, c’est une autre histoire pour son petit frère de 4 ans. Nadine doit continuellement répéter à Sacha, son fils, ce qu’il doit faire. C’est épuisant, à la longue! Et la comparaison entre les deux enfants n’arrange pas les choses, au contraire. Nadine se fâche et l’opposition commence pour Sacha.

  • Pourquoi ses enfants sont-ils si différents ?

Nadine est une maman très organisée. Elle a lu aussi plusieurs livres pour l’aider à bien réussir son rôle de mère tout en étant une professionnelle hors pair.

Chaque matin, Nadine prévient Sacha de chaque étape. « Dans 5 minutes, tu devras aller t’habiller. » « Dans 5 minutes, je vais m’habiller » répète son fils!”

Pourtant, Sacha joue dans sa chambre. Il se voit en pompier, en policier, en super-héros ! Ainsi, sa maman constate que, non seulement, il n’est pas habillé pour aller à la garderie, mais qu’il a mis son costume d’Halloween et qu’il veut continuer à jouer.

Comme chaque matin, Nadine se désespère. La tension monte. Elle se voit déjà arriver en retard à son travail. Elle se voit déjà regarder de travers par ses collègues qui murmureront « encore une fois » avec un sourire plein de mépris.

Elle revient à Sacha. Elle lui rappelle qu’elle l’avait prévenu et qu’il était d’accord.

Toutefois, Sacha ne comprend juste pas pourquoi n’arrive-t-elle pas à comprendre que s’il arrête de jouer, c’est toute la ville qui sera en danger ! Ça c’est important. Alors, le super-héros sort ses flèches de feu et fait mime de confronter celle qui se refuse de le laisser « effectuer son travail ».

La confrontation débute. Une lutte de pouvoir qui revient tous les matins. Et comme tous les matins, elle doit rappeler à Sacha que son principal métier, pour le moment précise-t-elle, c’est d’aller à la garderie.

Mais, lui, il veut juste plus le temps pour jouer. Il est déçu. Il se demande ça change quoi qu’il joue à la garderie ou ici, alors qu’il préfère rester à la maison avec maman. Il proteste, il part se cacher… et maman crie.

Tristement, Sacha cède et il commence enfin à s’habiller…

Le cœur n’y est pas. Il enlève son costume, mais rêve encore qu’il a sauvé la ville du canari-noir-de-colère. Puis, il enfile ses vêtements, l’un après l’autre. Il veut remettre son pull avec le clown sur le torse, mais il est sale et Nadine le reprend. Distrait par sa mission secrète, il oublie de mettre ses petites culottes et met le chandail propre à l’envers.

Nadine perd patience. Elle voit l’heure avancer. Elle est stressée. Il doit encore déjeuner car « c’est le repas le plus important de la journée » expliquait sa mère quand elle était fillette. Alors, elle hausse une nouvelle fois le ton afin que son fils s’active.

Répéter, s’impatienter, se fâcher, crier… Elle se sent prise dans un engrenage. Pourtant, il y a sûrement une façon de faire avec Sacha. Elle se dit qu’elle est la pire mère au monde. Elle s’effondre en larme.

Que pourrait-elle faire de « différent », se demande-t-elle. Elle sent qu’il y a quelque chose qui échappe à sa compréhension.

  • Comment faire en sorte que les matins soient plus harmonieux ?
  • Comment peut-elle faire pour être moins stressée avec le temps qui défile le matin afin d’être plus disponible pour accompagner son fils dans les différentes tâches ?

PRENDRE SOIN DE SOI AFIN DE MIEUX ACCOMPAGNER NOTRE ENFANT

Au travail, Nadine n’a pas que des collègues hautins. Elle a sa grande amie Sarah. Elles ont étudié ensemble et elles ont toutes les deux été recrutées par le même bureau. Elles s’encouragent l’une l’autre, tant pour leurs tâches parfois hautement stressantes, parfois pour leur vie de famille. Elles se rassurent aussi souvent l’une, l’autre.

À midi, elle discute avec son amie de tous ces matins difficiles. Sarah a vécu la même situation jusqu’à ce qu’elle participe à l’École des émotions, une formation qui explique les émotions et les comportements des enfants.

Elle partage à Nadine qu’un épisode des aventures de Mélou et Dr Jay portait justement sur le thème du « temps ». Sarah explique que les enfants ne comprennent pas le temps comme les adultes.

C’est ainsi que Nadine comprend que son fils est bien plus dans le moment présent qu’elle-même et que c’est tout à fait normal à son âge. Patienter, c’est difficile pour un bambin, surtout quand les émotions modulent sa compréhension du temps.

Quelque part, cinq minutes, c’est long quand maman n’est pas disponible et c’est vraiment très court quand il joue au super-héros-avec-ses-flèches-de-feu.

Somme toute, mentionner le temps qu’il reste avant la prochaine tâche à accomplir, c’est se figurer le temps comme un adulte. La maturité du cerveau d’une jeune enfant ne lui permet pas encore de comprendre le concept de « cinq minutes ». L’enfant a donc besoin d’être accompagné.

Parfois, les différentes routines peuvent aider, comme pour sa grande sœur qui cherche à plaire à sa maman. Pour d’autres enfants, elles apparaissent comme une contrainte envahissante et le rêvasser devient l’échappatoire au stress occasionné par les consignes quotidiennes.

Et si, en plus, maman est anxieuse, l’enfant se réfugiera encore plus dans son personnage imaginaire qui n’a peur de rien… ou le respect de la routine se transformera peut-être en TOC.

  • Comment faire pour accompagner son enfant pas à pas, et ce, tout en douceur, lors des moments plus chargés en tâches à accomplir ?

Nadine décide de se lever plus tôt pour prendre le temps de se préparer. Ainsi, elle a un moment calme le matin, elle prend le temps de boire son café et ensuite elle monte s’habiller et se maquiller en toute tranquillité.

Elle s’est entendue avec son conjoint, qui part tôt le matin, pour qu’il prépare les lunchs la veille. C’est un travail d’équipe.

Quand elle va réveiller les enfants ou lorsqu’il reste une heure avant le départ de la maison, elle est totalement disponible pour accompagner ses enfants dans les différentes routines du matin.

Quand Sacha a terminé de manger, elle lui demande s’il veut lui montrer comment il s’habille aujourd’hui. Lui laisser un peu de choix, c’est une manière d’éviter de renforcer son envie de fuir. Ensuite, elle le questionne sur la prochaine étape de sa préparation du matin.

Elle accompagne donc son fils pas à pas le matin. Cela peut sembler exigeant, car ça prend du temps, mais c’est plus harmonieux à la maison : les matins sont plus doux et le stress a fortement diminué. La journée commence mieux ainsi, il y a moins de « gaffes » à la garderie et elle est moins stressée tout au long de sa journée au travail !

Retenons que…

1) Durant l’enfance, l’enfant est dans le moment présent. Il ne se représente pas le temps en fonction du passé ou du futur.

2) À cet âge, l’enfant passe rapidement d’une chose à l’autre, sans égard à la durée de l’activité s’il aime ce qu’il est en train de faire. En revanche, il s’impatiente facilement quand il doit attendre pour quelque chose d’important pour lui.

3) Les conflits reliés à la gestion du temps sont souvent reliés au fait que l’adulte ne comprend pas la logique de l’enfant, et vice-versa. L’impuissance ressentie dans le conflit de logique crée de vives émotions. L’enfant comme le parent ne se sent pas compris et entendu.

4) Comme adulte, il est préférable d’être disponible pour l’enfant lorsqu’il y a une question de temps qui détermine le rythme d’une tâche ou d’une activité. Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin d’être accompagné pas à pas. La douce présence aidera aussi à mieux vivre le stress de la transition.

5) Comme l’enfant ne peut pas accéder à la logique de l’adulte, cela demande parfois une réorganisation du temps de la part du parent ou de l’intervenant.

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