En sommes-nous vraiment arrivés là, comme société?

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La peur de mourir nourrit le fantasme du risque zéro même si - inévitablement - notre décès est programmé. La difficulté d'accepter l'aspect tragique de la vie tend à forcer les gouvernements à contrôler la vie des citoyens. Sommes-nous prêts à en vivre les conséquences?

Après la publication de plusieurs chroniques réclamant des mesures drastiques pour forcer la vaccination des citoyens de plus de 5 ans, les journaux LA PRESSE et LE SOLEIL se sont demandés si l’une des idées lancées par les influenceurs pourrait être applicable, à savoir interdire l’accès aux épiceries pour une personne ne disposant pas de passeport sanitaire (PSV). Jonathan Custeau, l’auteur, ne questionne pas les aspects éthiques d’une telle mesure, mais s’adresse à la faisabilité en consultant les associations professionnelles des détaillants.

J’ai beau comprendre la détresse des personnes qui ont peur de mourir.

J’ai beau comprendre l’angoisse des personnalités politiques à l’idée de revivre les drames de la première vague.

J’ai beau comprendre les inquiétudes des uns et des autres en conséquence des propos alarmistes transmis par des médecins qui occultent un nombre important de recherches scientifiques qui tempèrent les appréhensions.

Je m’interroge sur les conséquences désastreuses que pourraient avoir de telles mesures dans un pays démocratique dans lequel on ordonne, de décret en décret, une série de mesures sanitaires qui, certes visent à réduire la transmission, mais qui ne tiennent pas compte de nombreux angles morts, parce que les lectures des données scientifiques ne sont toujours présentées qu’en fonction d’une seule et unique logique pharmacologique.

Vouloir affamer 574 000 personnes et leurs éventuels enfants parce qu’ils n’ont pas de PSV? Sans compter les personnes qui ont accepté les deux premières doses, mais n’ont pas demandé leur PSV par principe, car elles estiment que c’est une atteinte à la démocratie.

Et, dans quelques mois, ceux qui n’accepteront pas la troisième dose, car ils n’ont pas de comorbidités justifiant une injection tous les six mois.

Et dans huit mois, on bannira de la société ceux qui ne seront pas à l’aise de recevoir la quatrième dose, comme on l’inocule actuellement en Israël?

QUELLE SERA L’ÉTAPLE SUIVANTE?

Est-ce que pour protéger les gens contre eux-mêmes, on imposera le Vx contre la grippe pour maintenir actif son PSV?

Est-ce qu’ensuite, ce sera celui contre le zona mis actuellement au point par PFZ qui sera obligatoire pour les plus de 40 ans?

Est-ce qu’on interdira la consommation de cigarettes dans tout espace public, alors qu’on en interdira l’achat dans les magasins et dépanneurs sans un permis spécial qui désactivera le PSV? Ou peut-être, le maintien du PSV sera conditionnel à l’inoculation d’une dose tous les trois mois d’un nouveau produit pharmaceutique qui réduit l’envie de fumer, et ce, même pour les non-fumeurs, car nous devons tous être égaux devant l’avancée des biotechnologies?

Et que faisons-nous alors de la consommation d’alcool? N’est-ce pas scientifiquement prouvé que ces substances affaiblissent le système immunitaire? Retour de la prohibition conditionnelle au maintien du PSV?

Ne devrions-nous pas avoir un tel contrôle de la consommation de certains aliments pour s’assurer d’être protéger contre nous-mêmes et, surtout, ne pas engorger le système de la santé? Devrions-nous prendre une photo de chaque repas qui sera analysée par l’Intelligence Artificielle (IA) pour démontrer qu’on respecte le guide alimentaire canadien? Sera-ce nécessaire de contrôlerà ce point les individus pour ne pas engorger un jour les hôpitaux et le PSV l’imposera pour notre bien?

Ne devrait-on pas aussi avoir tous une montre électronique qui compte nos pas et la jumeler avec le PSV? En effet, on sait que les gens qui marchent au moins trois fois par semaine plus de 30 minutes continues diminuent par cinq les risques d’Alzheimer, alors que c’est une des pathologies les plus présentes chez les personnes en CHSLD. Là aussi, cela engorge un système de santé vacillant. Marcher pour maintenir son PSV?

Ne devrait-on pas tous avoir un système qui, dès qu’on fait le moindre excès de vitesse, qu’on accélère trop vite ou qu’on donne des coups de volant trop brusques éteint pour six mois le PSV?

LA FIN JUSTIFIE-T-ELLE TOUJOURS LES MOYENS?

Tout cela (et bien d’autres) pourrait être une manière de poursuivre l’infantilisation réclamée par des gens qui sont terrifiés à l’idée de mourir! D’ailleurs, l’identité numérique – mêlant des informations publiques et privées – est en phase expérimentale au Québec pour le mettre en place d’ici 2025.

Je ne banalise pas le virus qui nous préoccupe depuis deux ans.

Je m’interroge sur la finalité de certaines mesures réclamées dans les médias avec une telle force que cela conduit un gouvernement à être plus rude avec sa population que ce qu’il le voudrait vraiment.

La fin ne justifie pas les moyens.

Je ne crois pas que nous voulons ce type de société.

Les gestes barrières sont les meilleures stratégies pour se protéger et protéger autrui, preuve en est qu’il n’y a eu aucun cluster dans les cliniques de médecine dentaire ou dans les bureaux de psys, parce que les personnes ont été respectueuses de ces gestes barrières.

Le Vx existe et il vient compléter cette panoplie de moyens, mais ce n’est pas l’unique moyen.

Il y a des personnes qui ne le souhaitent pas, mais qui – depuis des années – font attention à leur santé en s’alimentant de manière idéale, en faisant de l’activité physique, en recourant aux services de massothérapeutes, d’acuponcteurs, de chiro et d’ostéopathes, sans oublier les herboristes et naturopathes. Ces personnes dépensent une petite fortune chaque mois et ne fréquentent que rarement – sauf exception – les services médicaux. Pour ces personnes, est-ce que le Vx (phase 4 de la recherche pour PFZ; phase 3 pour MDA) est nécessaire? Il reste possible s’ils le souhaitent, mais il y a un sans aucun doute un problème sur le plan éthique, voire celui du juridique.

Pour rappel:

  1. une équipe de chercheurs sans conflit d’intérêts a publié dans le prestigieux British Medical Journal que « l’immunité naturelle confère une protection plus durable et plus forte contre l’infection, la maladie symptomatique et l’hospitalisation causées par la variante Delta du SRAS-CoV-2, par rapport à l’immunité induite par le vaccin à deux doses BNT162b2; »
  2. la campagne de vaccination vise à réduire les symptômes critiques (menant à une hospitalisation) d’une contamination qui est réduite, mais – selon le CDC – n’est pas stoppée comme les vaccins de type ROR et elle est encouragée pour éviter que les urgences et unités de soins intensifs ne débordent pour éviter un délestage qui réduirait les options de soin pour d’autres malades.

Sur le plan éthique, est-ce qu’on peut imposer indirectement un choix aux citoyens qui déclinent cette invitation, s’ils estiment qu’ils ont un système immunitaire optimisé? Est-ce qu’on peut leur interdire des lieux sans qu’ils n’aient transgressé la Loi? Est-ce approprié de les ridiculiser dans les médias? Est-ce que le simple fait de poser des questions mérite qu’on conspue l’émetteur comme une personne irresponsable, voire les sobriquets qui colorent les médias sociaux depuis des mois?

Par ailleurs, si on estime que, socialement, ce serait justifié, que ferons-nous avec les consommateurs de cannabis ou de tabac? Que ferons-nous avec les personnes qui sont médicament suivies pour des problèmes de santé chronique, mais qui ne souhaitent pas suivre le protocole médical proposé pour diminuer l’intensité des symptômes, voire l’aggravation de leur condition médicale? Quelle est la limite du choix de chaque patient d’accepter ou de refuser une médication?

COMMENT ÉVITER L’ENGRENAGE FATAL?

Jamais je ne jetterai le blâme sur les dirigeants politiques du Québec. D’une part, je connais François Legault depuis 25 ans, ainsi que plusieurs de ses collaborateurs ou ministres. Et je leur fais confiance, même si je discute de certains enjeux. D’autre part, je participe à différentes tables de travail pour prévenir les effets négatifs des mesures avec plusieurs ministres et je constate leur volonté de faire le bien dans les circonstances.

Cependant, je suis aussi témoin de la pression qu’ils vivent quotidiennement, ainsi que leurs équipes ou les fonctionnaires qui travaillent avec eux. Ce sont des êtres humains. Ils sont faillibles. Comme vous et moi. Est-ce qu’ils peuvent aller trop vite, trop loin ou d’une manière trop rude? Ont-ils toute l’information ou trop d’informations? Comment la gèrent-ils compte-tenu des circonstances? Qu’est-ce qui influence leur décision?

  • Parfois, ce sont les croyances et les biais cognitifs du dirigeant qui prend la décision.
  • Parfois, c’est une déformation professionnelle qui découle d’une grande aptitude à jouer les pompiers, mais peu efficace en termes de prévention.
  • Parfois, c’est l’effet boomerang des annonces catastrophiques.
  • Parfois, ce sont les journalistes qui s’interrogent sur les différences entre les pays ou les provinces, en termes de mesures.
  • Parfois, ce sont des avocats – comme pour Sophie Wilmès, première ministre belge en 2020 – qui menacent de poursuites judiciaires pour « non-assistance à personne en danger ».
  • Parfois, ce sont les compagnies qui persuadent les élus du bien fondé de leurs produits.
  • Parfois, ce sont des hauts-fonctionnaires qui agissent de manière plus politique qu’éthique.
  • Parfois, ce sont des boites de communication qui paient des experts pour entretenir un climat favorable à leurs clients.
  • Parfois, c’est l’opportunisme de l’un ou l’autre spécialiste.
  • Parfois, c’est l’opportunité de séduire des donateurs pour disposer de meilleurs moyens pour faire de la recherche.
  • Parfois,…

Depuis 22 ans que j’observe et étudie ces phénomènes sur le plan de l’éthique et de la politique, j’ai vu tellement de choses. Et ces derniers mois, j’ai appris encore tellement pour comprendre la réalité que les hommes et femmes politiques vivent. Il se peut que certains embrassent la carrière politique pour servir des desseins personnels, mais j’ai surtout – du moins au Québec – rencontré des individus qui veulent faire le bien pour la Province.

Bref, revenons à la situation durant l’hiver et le printemps 2020. Collectivement, nous étions dans une situation d’urgence. Il fallait agir vite et au mieux, voire le moins pire possible. La situation pandémique est préoccupante depuis lors, mais est-ce que certaines mesures sont toujours adéquates? Comment déterminer l’adéquation entre une perspective exposée par des influenceurs médicaux et celle des autres expertises qui constatent les effets collatéraux des mesures sanitaires?

Qu’on lie l’accès aux SAQ et SQDC à l’octroi du PSV est une bonne chose. Pas la mesure sanitaire, mais la mesure politique, parce que cela veut dire que ces substances légales ne seront plus considérées comme essentielles comme lors des premiers confinements.

Qu’on limite l’accès aux épiceries, à la poste ou autres commerces comme les quincailleries, c’est absurde. Que va-t-on faire? Empêcher une personne qui a une fuite d’eau de réparer la plomberie? Empêcher le travail des entrepreneurs non-convertis à l’infantilisme?

Croyez-vous vraiment que cela arrêtera la propagation du virus?

Et quand on constatera que cela ne marche pas, affirmerons-nous qu’ils sont sortis de leur maison en cachette et qu’il faut désormais les mettre dans un camp de prisonniers, toujours pour les protéger d’eux-mêmes bien sûr?

Si nous acceptons cela, l’engrenage sera très difficile à stopper.

Malheureusement, l’Histoire regorge de drames où la folie de certains peut durer des dizaines d’années et que ceux qui sont avides de pouvoir ne reculent devant aucun sacrifice de la population. Combien de guerres? Combien de massacres? Combien de génocides? Souvent, cela part d’une fausse bonne idée et cela dégénère. Est-ce cela que nous souhaitons pour notre société?

Actuellement, on vise les sans-doses mais, dans deux mois, ce sera les double-dosés qui n’auront pas la 3e. Dans huit mois, ce sera les triple-dosés qui n’auront pas la 4e. Et ainsi de suite.

Je peux comprendre les motivations et les angoisses de certains, y compris celles de notre gouvernement. Le spectre du printemps 2020 doit les inquiéter. Toutefois, et je me répète, la fin ne justifie pas nécessairement les moyens.

Le Vx est un moyen d’aider les gens qui ont une santé fragile, mais l’imposer mur-à-mur sous peine de sanctions est un risque que nous devrions éviter de prendre… Offrons le aux personnes qui ont des comorbidités et à ceux qui le désirent.

ÉLEVONS-NOUS AU DESSUS DE LA MÊLLÉE

Conservons notre sens de l’honneur et notre humanité.

Respectons-nous.

Soyons bienveillants envers les autres, y compris ceux qui n’ont pas les mêmes valeurs ou prennent des décisions différentes des nôtres.

Respectons les gestes barrières et faisons des choix qui encouragent la santé de notre système immunitaire.

Disons au gouvernement que nous les remercions de leur dévouement et des efforts qu’ils font depuis deux ans, mais qu’il y a des mesures qui sont trop dangereuses pour être envisagées car, si elles sont mises de l’avant, elles brimeront des millions d’individus durant des décennies.

J’espère que vous pourrez apaiser vos craintes et vos doutes. Que vous pourrez prendre soin de vous et de votre entourage. Que votre santé sera optimisée par les plus saines habitudes de vie possible.

RÉFÉRENCES

Custeau J. Passeport vaccinal dans les épiceries: les marchands disent non! – LeSoleil, 9 janvier 2022.

Rolland S. Québec envisage d’inclure des documents financiers à votre identifiant numérique – Le Soleil, 7 janvier 2022.

Doshi P., Does the FDA think these data justify the first full approval of a covid-19 vaccine? British Medical Journal, 2021.

Gazit et al. Comparing SARS-CoV-2 natural immunity to vaccine-induced immunity: reinfections versus breakthrough infections, British Medical Journal, 2021.

Rinner C. et al. No, COVID-19 vaccine passports and mandatory vaccination do not « protect the health and safety of Canadians » Toronto Sun, 19 août 2021.

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