Nous valons plus que ce qui se passe en ce moment

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Si les mesures sanitaires réduisent la propagation d'un nouveau virus, certains influenceurs abusent d'annonces sensationnalistes. Ce n'est malheureusement pas sans risque pour une société démocratique.

Le Canadian Tire de Mont-Tremblant était resté ouvert à l’ensemble de la population. En effet, la superficie du bâtiment faisait en sorte que ce magasin n’était pas sommé de vérifier le code QR de ses clients, et ce, en toute légalité. Somme toute, il respectait la définition déterminée par le ministre de la Santé Christian Dubé.

Il respectait le décret à la lettre.

Rapidement, des habitants de cette jolie petite bourgade des Laurentides ont déposé des plaintes pour forcer l’interdiction de l’accès aux personnes ne disposant pas du fameux code QR. C’est ainsi que ces mécréants imposaient au gérant d’être plus catholique que le pape pour satisfaire leurs fantasmes de contrôle d’autrui.

Cela me rappelle des incidents du même type à St-Sauveur. Des personnes regardaient à travers la vitre des commerces et, moindrement qu’elles suspectaient l’omission d’une règle, elles téléphonaient à la Sureté du Québec pour déposer une plainte. Forcés d’intervenir, les policiers se rendaient donc dans ces commerces pour s’assurer que la plainte était non-fondée.

Comme pour le Cégepien qui étudiait chez lui le jour et dormait avec son amoureuse la nuit qui fut dénoncé par des voisins. Le jeune adulte fut reconduit respectueusement, mais fermement, chez lui. Est-ce qu’il représentait un réel danger pour la communauté? Les voisins pensaient-ils faire un acte de bravoure dans cette guerre contre le virus maudit?

Ça me rappelle aussi ce que notre fille a vécu, un jour, alors qu’elle était assise sur un banc avec ses amies dans un centre commercial. Elles discutaient en mangeant un sandwich dans une zone non-considérée comme restreinte par les mesures sanitaires. Un homme survient. Il dit qu’il travaille dans un magasin non loin de là et réclame leur passeport vaccinal, et ce, sans qu’il ne fasse ni partie de la police ou d’un service de surveillance. Les adolescentes hésitent, alors qu’elles savent qu’elles ne font rien de mal. Mais, l’homme insiste et finit par les menacer de représailles si elles ne s’éloignent pas. Il semble tellement agressif que les trois adolescentes vont s’enfuir angoissées.

Dans quelle mesure les articles publiés par certains journaux contre les ados et les personnes-nVx n’ont pas alimenté ces comportements de « justice civile » au détriment du sens civique?

LE RÈGNE DES MÉCRÉANTS

Je reste marqué par l’histoire de ma famille durant les deux grandes guerres, dont la dernière qui nous était racontée au détour d’un repas. Parfois, c’est lors d’un décès qu’on découvrait les exploits contre l’Envahisseur. Le courage de plusieurs membres de ma famille m’inspire encore aujourd’hui… C’est un élément de réflexion pour essayer de déterminer les limites avec lesquelles j’entends fonctionner dans ma vie. Qu’on se le dise: ignorer l’Histoire ou ne pas tenir compte de sa propre histoire transgénérationnelle nous condamne, comme le rappelait à l’époque Winston Churchill, à revivre éternellement les mêmes drames humains sur le plan collectif ou individuel.

Liège est la première ville sur le chemin des armées allemandes quant, en 1914 et 1940, elles se dirigent vers la France et l’Angleterre, ce qui leur permet de contourner le massif des Ardennes, une chaîne de petites montagnes comme celle des Laurentides. Ma famille a donc été rudement touchée par les guerres. Mon grand-père maternel sera prisonnier de guerre dans un camp de concentration pendant 3,5 ans, alors que deux de mes grandes-tantes ont été capturées, alors qu’elles participaient à la Résistance, et emmenées à Auschwitz. Elles seront contraintes de répondre aux caprices des soldats nazis, l’une d’elle ne revint jamais.

En temps de guerre, chacun fait ce qu’il lui semble être juste en fonction de ses valeurs personnelles et de son sens civique. Mon grand-père paternel s’est réengagé avec l’armée étasunienne en 1944 et sera sévèrement blessé, ce qui le conduira à son décès en 1947. Son beau-frère, donc mon grand-oncle, était médecin. Il ne faisait pas de distinction entre ses patients, et ce, même s’il prenait des risques. Un patient, c’est un patient. Il soignait donc autant les citoyens belges que les membres de l’armée allemande qui occupait la ville, mais aussi et surtout les citoyens blessés lors des actes de résistance face à l’envahisseur.

Une nuit de 1944, on vint le chercher discrètement pour aller soigner un parachutiste américain grièvement blessé. La reconquête visant à libérer les pays envahis depuis plusieurs années était en marche et, durant les nuits, il y avait de réguliers bombardements sur la ville. Il retourna quelques fois, le plus discrètement possible, soigner le pilote là où la Résistance l’avait caché. Une nuit, alors qu’il soignait le soldat, un voisin le dénonça à la Gestapo. Mon grand-oncle fut arrêté, torturé durant de longues heures et tué par les soldats nazi.

Un « honnête citoyen anonyme » avait donc fait le choix en toute connaissance de cause, puisque Liège était occupée depuis plus de quatre ans, de dénoncer mon grand-oncle.

Assassiné, mon grand-oncle n’a plus jamais soigné personne.

Durant mon adolescence, mes professeurs abordaient souvent cette période trouble de l’Histoire. C’était d’autant plus important que 30% des citoyens de ma province natale sont germanophones. Nos cours nous amenaient à faire attention de bien distinguer, d’une part, les citoyens d’un peuple singulier et, d’autre part, l’idéologie menant les mécréants à céder à la partie la plus sombre de leur être.


[Remarque avant de poursuivre] Qu’on se le dise, Marie-Ève Cotton, je ne compare pas le sort que ma famille (et tant d’autres Européens, dont les membres de la communauté juive) ont vécu durant la Seconde Guerre Mondiale avec les conséquences des mesures gouvernementales pour atténuer la crise sanitaire. Si vous aviez pris le temps de lire, vous auriez compris que j’explique pourquoi imposer des règles plus strictes que celles dictées par le Gouvernement ou le fait de dénoncer un voisin qui transgresse une règle est prendre un risque majeur sur le plan civique. Certains comportements sont outranciers et questionne autant le civisme des transgresseurs des règles que celui des personnes qui, comme vous, se permettent de faire justice elles-mêmes.

Que se passera-t-il si une personne tombe dans la violence intra-familiale parce quune personne lui aura interdit de faire une chose qui pourtant était autorisée par le Gouvernement? Que se passera-t-il si personne ne prend le temps d’écouter les individus qui doutent? Que se passera-t-il si, sans contact humain, une personne met fin à ses jours? Docteure Cotton, je dénonce les comportements pathologiques qui émergent en conséquence au manque de retenue de nombreux médecins ou personnalités publiques qui, comme vous, commentent l’actualité sans nuance et créent plus de détresse qu’apporter un éclairage judicieux et respectueux des différentes opinions. Je critique le contexte de peur qui fait en sorte que des citoyens se comportent d’une manière parfois si regrettable qu’ils nuisent à la société au sens large et à la vie des individus qui ne leur avait pourtant rien fait.

Quant aux commentaires que vous placez sur les réseaux sociaux pour me critiquer ou dénigrer mon ami Dr Robert Béliveau, ils démontrent juste que vous manquez de jugement et de discernement. J’ai déposé une plainte contre vos propos dénigrants, mais le Collège des médecins ne vous poursuivra pas, car l’interprétation du Syndic est que vous agissez « en dehors de vos heures de bureau ».


DISCOURS MALSAINS

Comme je l’expliquais récemment dans une lettre ouverte parue dans LaPresse, les données scientifiques sont largement plus contradictoires que ce que les influenceurs médicaux le prétendent allègrement dans les médias. On peut donc craindre que l’on soit bien plus dans l’idéologie et le dogme que dans la science. Est-ce que la santé des personnes vulnérables est la seule motivation de ces personnes?

S’ils maîtrisent leurs discours, il n’en est pas toujours de même pour ceux qui relaient maladroitement les propos lus ou entendus. Est-ce que les influenceurs sont conscients qu’ils contribuent à créer un climat social pernicieux qui affectent notamment nos jeunes? Sont-ils conscients que leurs propos génèrent, chez certains citoyens, une haine viscérale qu’il sera difficile de dissoudre avant plusieurs années?

Actuellement, les Canadiens restent pacifiques, et ce, quelles que soient leur idéologie. C’est une preuve de maturité. Toutefois, certains utilisent régulièrement des allumettes qui pourraient faire basculer définitivement notre belle société vers le chaos. Ce serait tellement dommage.

Je peux comprendre que les personnes ayant accepté de recevoir le produit expérimental (phase 3 de la démarche scientifique visant l’acceptation d’un nouveau médicament pour le MDA et phase 4 pour PFZ) soient frustrées contre ceux qui l’ont refusé. On leur a expliqué que c’était le seul moyen pour sortir de la crise et ils font confiance aux personnes qui ont exposé cette perspective.

D’autres n’y croient pas ou font d’autres choix. Et c’est leur droit puisque la situation sanitaire n’a jamais rencontré les critères autorisant l’État à forcer le choix, comme ce fut le cas avec l’épidémie de variole à la fin des années 1950. La France impose, par exemple, le ROR. Si elle a mis des mesures contraignantes pour les personnes qui refusent la solution pharmacologique proposée pour contrer les différents variants du virus qui nous préoccupe, elle n’a jamais imposé juridiquement cette option.

Somme toute, les gens qui refusent le Vx respectent la Loi. On peut le regretter si on adopte la perspective dominante, mais il n’en reste pas moins que c’est légal que chacun puisse faire son choix en son âme et conscience.

Pourtant, certaines mesures font en sorte que la solution pharmacologique est imposée aux citoyens, même à ceux qui n’en ont pas nécessairement besoin en termes de balance de risques, alors que de nombreuses études américaines et européennes montrent que la propagation du C19, C20 et C21 est à peine diminuée chez une personne ayant reçu ses doses.

C’est ainsi que Peter Doshi, éditeur en chef du British medical journal, s’en est inquiété plusieurs fois, alors que les lieux réservés aux personnes Vx ont été fermés, parfois partiellement, parfois totalement, pour contrer la transmission des variants labellisés Delta et Omicron.

DÉRIVES

Au début de la crise sanitaire en mars 2020, le gouvernement a demandé aux membres des médias de soutenir les mesures sanitaires. Nous étions au début du premier confinement et seules les émissions traitant de la pandémie pouvaient rester en onde, comme service essentiel. Les journalistes, des êtres humains comme d’autres, ont interviewé de nombreux médecins qui ont offert une vision catastrophique, alors que de nombreuses personnes âgées mourraient dans les CHSLD.

J’ai été témoin, dans mes mandats bénévoles, auprès de plusieurs ministres depuis le début de la pandémie que certaines questions posées lors des points de presse ou la pression exercée dans les médias pour que le Québec agisse comme les pays les plus rudes en termes de mesures sanitaires a non seulement inquiété d’avantage la population, mais a aussi contribué au durcissement de certaines décisions gouvernementales pour diminuer l’angoisse des citoyens. Je n’adhère pas aux croyances qui soutiennent l’idée d’une machination mondiale, mais je ne peux que constater le manque de discernement et de retenue de plusieurs experts qui ont encouragé les journalistes à partir dans une chasse aux sorcières digne de celle que Joseph McCarthy face aux idées de Gauche dans les années 1950.

C’est ainsi que le journaliste Olivier Faucher expliquait, pas plus tard qu’hier, qu’une personne Vx aidant une personne nVx défiait le gouvernement. En quoi est-ce une défiance? Y a-t-il un acte criminel qui a été commis? À quel moment ce texte peut-il encourager des comportements haineux chez des individus qui ont peur de mourir à cause des personnes nVx? Est-ce qu’une telle prose pourrait encourager des comportements regrettables, voire médiocres, au sein d’une population bousculée par deux ans de crise?

De même, Isabelle Hachey définissait – au départ d’une étude qui ne semble pas encore publiée et qui n’a pas été validée par un comité d’experts neutres – le portrait robot d’une personne nVx. Si Isabelle est une excellente journaliste, n’a-t-elle pas confondu ses opinions avec le travail d’enquête et oublier de nuancer sa chronique? Est-ce que ce texte pourrait entretenir une certaine confusion entre le fait de refuser la solution pharmacologique et la criminalité? Dans quelle mesure est-ce que les individus pourraient se sentir légitimé d’isoler un membre de sa famille qui ne souhaite pas recourir au Vx pour contrer le virus? Est-ce qu’une telle stigmatisation pourrait également encourager une personne nVx à se défendre agressivement? Et si l’une d’elle causait un geste dramatique?

Quelques jours avant, elle expliquait que l’industrie du bien-être était tombée toute entière dans la corbeille des idiots sur la base de quelques comportements farfelus de personnes se présentant comme naturopathes. Est-ce que le manque de nuances pourrait faire croire aux citoyens que tous les thérapeutes dans les domaines des médecines douces sont de dangereux charlatans ou, pire, des adeptes de théories conspirationnistes? Certes, les produits pharmaceutiques offrent aux malades diverses options pour prolonger leur vie, mais est-ce qu’il est vain de croire qu’on peut prendre soin de sa santé sans recourir à un médicament?

Heureusement, les journaux font paraître des chroniques (Francine Pelletier, Nathalie Elgrably, etc.) ou des lettres ouvertes (Christian Dufour, les miennes, etc.) offrant une vision plus large que d’autres d’une situation qui nous dépasse tous. Mais, pourquoi y a-t-il si rarement un équilibre des avis lorsque certains articles sont publiés? A-t-on besoin de se rassurer que la solution proposée par l’industrie pharmaceutique était l’unique option pour lutter contre ce nouveau virus?

La polarisation et l’exclusion des différentes manières de prendre soin de sa santé donnent une illusion de consensus, alors que le journaliste – sans doute de bonne foi – condamne toute personne qui soulève des angles morts de la théorie dominante. Combien de fois n’ai-je pas discuté avec des animateurs et des journalistes qui aimeraient pouvoir proposer des informations plus nuancées! Le sort de Stéphan Bureau en a refroidit plus d’un l’été dernier. Pourquoi n’avons-nous pas de débat contradictoire, basés sur des faits scientifiques, comme on le voit en Europe par exemple? Qu’est-ce qu’il se passe dans notre belle société?

CHOISISSONS LE RESPECT D’AUTRUI

Quoi qu’il en soit, nous valons plus que cela.

Nous sommes tous des êtres humains.

Nous essayons tous de trouver des moyens pour passer à travers cette crise sanitaire qui n’en serait pas une si le système de santé avait été mieux gérer depuis 30 ans.

Nous payons le prix d’avoir cru que les médicaments pourraient effacer nos écarts de conduite en termes de saines habitudes de vie.

Parmi mes amis et mes patients, il y a des personnes Vx et des personnes nVx. Que je sois d’accord ou non, c’est leur choix. J’espère juste qu’ils l’ont prise en leur âme et conscience, sans pression pour aller d’un bord ou de l’autre.

Le refus du sérum est une décision aussi légale que personnelle, comme celui de fumer, d’avorter, de faire l’amour sans condom, de prendre des risques stupides en ski, de manger dans les fast-food, de consommer du pot et de l’alcool.

Si le simple fait d’être nVx fait en sorte que la personne n’est plus digne d’accéder à des magasins, alors qu’elle n’a jamais transgresser la Loi, nous nous dirigeons collectivement vers un régime politique qui n’aura rien à envier aux diktats politiques de la Chine.

Regardez le sort des personnes habitant à Hong-Kong! Quand la Grande-Bretagne rétrocéda le territoire à la Chine, les communistes avaient promis de laisser les habitants poursuivre leur vie dans des conditions similaires à celles qu’ils avaient avant 1999 sous le régime anglais. Quelque 20 ans plus tard, les libertés ont toutes été abrogées au profit de l’idéologie du mastodonte politique…

Bien sûr, on en est pas là. Toutefois, le sensationnalisme crée de larges angoisses qui, pour être tempérées, peuvent conduire les citoyens à privilégier des libertés cadenassées. La peur – et encore moins la panique – est rarement bonne conseillère. À force de vouloir se rapprocher du risque zéro, nos sociétés pourraient privilégier un durcissement des systèmes de contrôle des comportements de la population. Est-ce vraiment cela que nous voulons?

SOURCES

  • Peter Doshi, Does the FDA think these data justify the first full approval of a covid-19 vaccine? British Medical Journal, août 2021.
  • Claus Rinner et al., No, COVID-19 vaccine passports and mandatory vaccination do not « protect the health and safety of Canadians », Toronto Sun, 19 août 2021.
  • Sivan Gazit et al. Comparing SARS-CoV-2 natural immunity to vaccine-induced immunity: reinfections versus breakthrough infections, preprint (https://doi.org/10.1101/2021.08.24.21262415), British Medical Journal, 26 août 2021.
  • Joël Monzée, Recherche scientifique: un univers d’informations contradictoires, LaPresse, 19 janvier 2022
  • Joël Monzée en entrevue à Maurais-Live (RadioX) sur les enjeux éthiques et les effets collatéraux de la crise sanitaire sur la vie des jeunes, 26 janvier 2022.
  • Olivier Faucher, Passeport vaccinal: ils se proposent pour faire les courses des non-vaccinés, Journal de Montréal, 27 janvier 2022
  • Isabelle Hachey, Portrait-robot du non-vacciné, LaPresse, 27 janvier 2022.
  • Isabelle Hachey, Quand l’industrie du bien-être sombre dans le complotisme, LaPresse, 23 janvier 2022.

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