Le lien privilégié entre les enseignants et leurs élèves

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L'enseignant est devenu - pour certains - la seule personne de l'extérieur avec laquelle ils peuvent échanger. Alors, merci à tous ceux qui prennent ce temps d'écoute active...

Un autre petit texte rédigé initialement sur mon mur facebook. Un texte qui souligne le rôle moins médiatisé des enseignants, en cette période de crise sanitaire.

UN RÔLE INSOUPÇONNÉ, MAIS ESSENTIEL

Tous les jours, et ce, pour différentes raisons, je parle avec des directions d’école ou des enseignants, ainsi que des parents. Au fil des semaines, j’ai découvert à quel point un corps de métier est devenu un service essentiel insoupçonné.

Après quelques jours d’incertitude et de stupéfaction suite à la décision des écoles de fermer de manière proactive, beaucoup d’enseignants se sont mis en mode « gestion familiale » ou « bénévolat »…

REBONDIR

Quand il est apparu clairement que les écoles ne rouvriraient pas de si tôt, il a été demandé aux enseignants de proposer des petits travaux, puis des travaux plus conséquents, en marge des trousses offertes par le ministère de l’Éducation.

À cet effet, les écoles privées ont répondu doublement plus vite: d’une part, beaucoup étaient à l’aise avec le numérique; d’autre part, la relation parents-clients / école-services est différente de celle des écoles publiques.

Cela dit, les unes comme les autres ont entamé des contacts avec les élèves. Parfois quotidien. Parfois hebdomadaires. Cela dépend aussi du niveau: primaire ou secondaire. Les besoins différent, comme le lien entre l’élève et son professeur.

Aujourd’hui, cet appel téléphonique ou par visioconférence est devenu essentiel.

Pas juste pour les enfants ou les ados. Pour le parent, aussi.

Il est certain que certaines situations de violence physique ou psychologique échapperont au professeur. D’ailleurs, est-ce seulement son rôle que de les détecter.

Par contre, les parents sont aux prises avec le confinement et, conséquemment, une rupture de continuité. La vie de tous les jours – parfois trop remplie – s’est subitement transformée en une vie sédentaire avec ses enfants tout le temps et un(e) conjoint(e).

On ne peut plus échapper à cette réalité.

On ne peut plus sortir.

Même l’échappatoire de la télé et des réseaux sociaux finit par lasser.

La détresse s’installe. Sournoise.

La peur de la mort. Même si on n’en parle pas.

ISOLATION SOCIALE

Les enfants qui, confinés, finissent par ne plus pouvoir contenir toute l’énergie débordante qui les habite. Sans compter le printemps qui stimule les hormones (tsé, on reste des animaux) et le beau temps qui encourage la sortie au parc de quartier.

Le manque d’amis. Bien sûr, la visioconférence fait son oeuvre, mais cela ne remplace pas une main tendue, un hugh ou un câlin.

Surtout pour ceux qui, confinés sans leur amoureux ou amoureuse, commencent à sentir le temps devenir de plus en plus insaisissable.

Et il y a la crise économique. À court terme, il y a des solutions. À moyen et long termes, l’avenir ne sera pas nécessairement facile. Personne ne se fait l’illusion que la vie reprendra comme avant. Et les cadeaux du moment se transformeront en pertes d’emploi et en impôts ou remboursement des traites bancaires.

Pour le parent, il y a aussi cette crainte de « perdre un temps précieux » pour les apprentissages scolaires. Ça aussi, cela faisait partie de la continuité dans leur vie, leurs cocos et cocottes qui allaient à l’école.

Aujourd’hui, ce sont les enseignants qui écoutent tout cela.

UN RÔLE INSOUPÇONNÉ

L’appel à l’élève se double fréquemment d’un échange plus ou moins long avec le parent.

L’enseignant devient – pour certains – la seule personne de l’extérieur avec laquelle ils peuvent échanger. Ne pas mettre le masque du « ça va bien aller » qu’ils affichent pour donner du courage autant pour les autres que pour eux-mêmes.

Alors, merci à tous les enseignants et toutes les enseignantes qui prennent ce temps d’écoute active…

Et puis… Ce sera encore plus intense quand les écoles rouvriront, car – là – les angoisses (la sidération comme la témérité) vont prendre au ventre. Jeunes et moins jeunes auront besoin de parler… de parler… de parler.

Cela devra se faire avant de penser aux calculs et autres exercices de français… Le rôle d’écoute sera primordial. Un rôle précieux. Un rôle essentiel. Merci.

Aussi, il va être important – cher enseignant, chère enseignante – que vous mettiez en place un processus pour, vous aussi, vous sentir écouté(e), car la charge émotionnelle est intense et elle le sera encore plus lors de la rentrée des classes.

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