Comment mieux gérer les crises de nos jeunes enfants à l’épicerie?

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Les émotions des enfants nous bousculent parfois, surtout si d'autres adultes nous observent. Notre propre stress peut nous conduire soit à crier nous-mêmes, soit à devenir permissif. Dans les deux cas, tant l'enfant que le parent sont perdants. Comment aborder les crises autrement, surtout si des spectateurs sont plus enclin à nous juger que nous soutenir?

Accompagner avec bienveillance des enfants, comme des ados, requiert qu’on soit capable de comprendre leur dynamique et, surtout, les raisons pour lesquelles ils font des crises. Toutefois, ce n’est pas toujours facile d’accueillir la crise, car elle est parfois vécue au mauvais moment ou d’une manière si intense qu’on en perd notre patience…

LA CRISE AU MAGASIN

William a 4 ans. Du haut de ses trois pommes, il adore aller faire l’épicerie avec sa maman. Et le moment qu’il aime particulièrement, c’est avant de passer aux caisses. En effet, le gérant a placé habilement une rangée de bonbons et autres chocolats.

Parfois, sa maman accepte de lui en acheter, mais aujourd’hui, elle lui dit non. William ne comprend pas la décision et il insiste pour avoir la boîte de bonbons aux couleurs chatoyantes.

Nadine se répète : « non, pas cette fois ». Alors, il se met à pleurnicher et à taper du pied sur le sol… Elle commence d’autant plus à s’impatienter que les gens les regardent. Elle se sent mal. Elle craint autant la crise « de bacon » que les jugements des autres consommateurs. Elle sait que, si elle lui demande d’arrêter immédiatement de pleurer en utilisant un ton autoritaire, ça ne servira à rien. Elle va seulement mettre de l’huile sur le feu. Elle le sait, elle a déjà essayé à maintes reprises sans bon résultat.

DÉSAMORCER LA CRISE

Nadine s’agenouille pour être à la hauteur de son fils. Elle le regarde avec douceur. «Est-ce que ça se peut que tu sois en colère parce que tu n’as pas les bonbons que tu souhaites?  C’est normal que tu sois fâché, je te comprends. Moi aussi, je serais très déçues si ma maman me disait non à quelque chose que je veux vraiment!» Elle produit même un bruit de grognement pour faire sortir un semblant de colère qui était en elle.

Son fils la regarde alors, curieux et désarçonné. Il semble lui dire: «tu as vu ma colère? Tu l’as comprise?» Il relâche sa tension. Elle le prend délicatement contre son torse. Il fond. Il continue d’être triste, mais il prend la main de sa maman afin de poursuivre leur chemin. Plus tard, Nadine reviendra sur la situation avec son fils. Ils discuteront de comment ils se sont sentis et que toutes ses émotions sont normales.

OSER RESTER FIDÈLE À SES VALEURS

Ce n’est pas toujours simple d’accompagner la colère de son enfant, surtout dans un magasin. Les gérants savent bien que la plupart des parents vont acheter la paix et céder lorsqu’un enfant menace de faire une crise s’il n’obtient pas ce qu’il veut. On ne doit pas leur en vouloir, c’est de bonne guerre : il veut assurer la survie de son magasin et les cochonneries à la caisse, tant les revues un peu idiotes que les bonbons sont des tentations pour jeunes et moins jeunes…

Cela demande du courage de rester constant et cohérent quand on est parent. Le regard des gens qui assistent à une crise n’aide pas à apaiser la maman ou le papa quand l’enfant manifeste de la colère. Le réflexe, c’est d’étouffer la frustration, mais c’est aussi ainsi qu’on prend le risque de briser une part de sa résilience.

Pour le parent, il est important de bien se situer. La première fois peut nous surprendre, mais on peut établir notre marche à suivre pour nous sentir plus serein lorsque l’on met des limites à nos enfants. Qu’on se le dise : le permissivisme n’est pas de la bienveillance, c’est – au contraire – une forme de négligence psychologique.

MIEUX COMPRENDRE LES DIFFICULTÉS DE CERTAINS ENFANTS ET ADOS

On constatait, dès 2018 (date de la dernière publication de données par l’INESS), que 15% des élèves de 5e et 6e années primaires devaient prendre des psychostimulants pour réussir leur année scolaire. C’est quatre fois plus qu’au Canada anglais et 50 fois plus qu’en France. De même, on constate que 17% des élèves nés à l’automne sont diagnostiqués TDA ou TDAH, mais cela monte à 22% chez les jeunes nés pendant l’été. Ce qui est vrai, c’est la difficulté de se concentrer, de s’assoir longuement, de coopérer, de suivre les consignes, de répondre aux attentes des adultes… Mais est-ce que cela reflète un trouble ou un défi qui demande simplement que le cerveau de l’enfant ou de l’ado puisse maturer à son rythme?

En d’autres mots, est-ce que la théorie affirmant que le TDAH est un trouble neurodéveloppemental d’origine génétique est la seule explication des problèmes rencontrés par nos enfants et nos adolescents durant leur parcours scolaire? Existe-t-il des situations où l’on doit se méfier des évaluations? Pourquoi le Québec présente le plus haut taux de TDAH diagnostiqué au Canada et le plus haut taux au monde? Cette situation est connue depuis des années, pourquoi les choses ne changent pas? Si vous êtes parents, par où commencer si vous soupçonnez un TDAH chez votre enfant? Et si c’était bien différent de ce qu’on croyait?

Pour un temps limité, accédez gratuitement à une conférence bâtie sous forme d’échange entre Éric Simard, Ph.D. en biologie, et moi pour explorer des pistes qui explique autrement les défis ou difficultés de certains de nos jeunes (accès gratuit pour un temps limité). Au fil des échanges, nous discuterons des évaluations menant aux diagnostics de TDAH, des considérations entourant les capacités de ces enfants, des approches proposées pour les aider et de notre vision comme société qui mène à l’usage abusif des psychostimulants.

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