4 questions sur le stress et l’anxiété de la rentrée scolaire

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De plus en plus de jeunes feraient l'école à domicile. En hausse constante, cette forme de scolarisation apparaît chez des familles dont les parents sont adeptes du "unschooling" mais, le plus souvent, c'est parce que la structure scolaire crée tellement d'angoisse, que les jeunes y sont trop en difficultés. Quatre questions pour mieux comprendre les effets du stress et de l'anxiété.

Les enfants et les adolescents comptent les heures… Certains avec le plaisir anticipé de retrouver les copains dans les cours d’école. D’autres ont mal au ventre, rechignent, contestent, dorment difficilement, se fâchent, etc. Il y en a quelques-uns qui s’agitent et s’opposent… ou ne veulent pas sortir du lit.

QUATRE QUESTIONS

Selon l’expérience de chacun, la rentrée scolaire est un vrai bonheur ou une calamité. Maude Goyer rapportait que 5300 enfants et ados feraient l’école à domicile. En hausse constante, cette forme de scolarisation apparaît chez des familles dont les parents sont adeptes du « unschooling » mais, le plus souvent, c’est parce que la structure scolaire crée tellement de stress et d’anxiété, voire d’angoisse, que les jeunes y sont trop en difficultés.

Mais, les autres qui reprennent le chemin de l’école, comment les aider?

1) Quelles sont les principales sources d’anxiété de l’enfant et de l’adolescent?

Une chose importante à comprendre, c’est que le cerveau de l’enfant et celui de l’adulte ne fonctionnement pas de la même manière, donc le stress et l’anxiété ne se manifestent pas de la même manière.

Le principal problème de l’enfant, c’est qu’il y a aussi beaucoup trop de stresseurs dans sa vie. Il y a la réalité des parents. Certains travaillent fort. D’autres sont séparés. Il y a des parents qui organisent trop de choses et d’autres pas assez. Il y a la réalité des familles, certaines sont monoparentales, d’autres sont reconstituées.

Par ailleurs, l’enfant a beaucoup de difficultés à gérer les transitions (entre deux maisons, entre deux enseignants, entre la classe et la cour ou la cour et la classe, etc.). Cela crée de l’insécurité.

L’enfant aura plus peur de décevoir l’adulte par un mauvais résultat que de vivre le mauvais résultat. L’anxiété de performance cache souvent la peur de ne plus être aimé.

Il y a aussi nos propres émotions de parents ou d’enseignants. L’enfant sensible à son environnement émotionnel va percevoir – sans nécessairement l’identifier et, même, en prendre conscience – l’expérience affective des personnes qui l’entourent. La résonance émotionnelle fera en sorte qu’il pourrait se désorganiser, malgré toute sa bonne volonté.

Enfin, son imaginaire est très présent et se confond facilement avec le réel, ce qui peut amener tantôt des « peurs irréelles », comme des mensonges pour échapper au stress du moment. Et s’il regarde des films intenses ou vivent une alerte-incendie, ils peuvent vivre de larges moments d’insécurité, d’anxiété, par la suite.

2) Quelles sont les meilleurs moyens d’y remédier?

La première chose à savoir, c’est que le stress et l’anxiété sont normaux et nécessaire à la vie. C’est quand il y en a trop et que l’enfant a l’impression qu’il n’y arrivera jamais, que cela se complique.

Il faut aussi savoir que le stress et l’anxiété s’accumulent toute la journée et que les bons moments créent aussi de larges émotions. Avant 20 ans, la recherche a montré que – seul – le jeune ne pouvait pas réguler son stress. Il a besoin d’adultes sécurisants. Alors, cela monte tout le temps et l’enfant finit par manifester son « trop plein » par des comportements dérangeants, voire une crise. Et celle-ci, c’est généralement avec une personne avec qui il a confiance.

Nous avons donc tout à gagner à aider les enfants à bien gérer les différentes situations. Ne pas avoir peur de les sécuriser et de leur rappeler avec bienveillance qu’ils ont des ressources. Pour les plus jeunes, un câlin de 30 secondes est extraordinaire, cela relâche la boucle de stress. Pour les plus grands, on peut les aider à réfléchir et analyser la situation pour identifier leurs appuis.

Mais, il ne le feront que s’ils se sentent en sécurité avec la personne qui les accompagne et que les défis sont réalistes. Aussi, dans nos interventions, il est nécessaire de se dire que leurs comportements sont éventuellement dérangeants, mais qu’ils ne le font pas exprès. Sinon notre charge émotionnelle vient compliquer la situation.

Et prendre soin de nos propres émotions fait partie intégrante de l’intervention éducative.

3) La médication fait-elle partie de la solution?

La médication contre le stress et l’anxiété n’a jamais été donnée aux enfants et n’est pratiquement plus donnée aux adultes. En fait, on sait désormais que les anxiolytiques contribuent à développer la maladie d’Alzheimer dès qu’on la prend plusieurs jours d’affilée. L’adulte en crise de panique sévère peut encore l’utiliser, mais c’est plus rare qu’avant (*).

C’est d’ailleurs une des raisons de l’augmentation du nombre de personnes traitées pour le TDAH, car on normalise les comportements avec des psychostimulants, surtout chez les enfants. La grande majorité des enfants traités sont en fait des jeunes anxieux, qui partent dans la lune, se concentrent plus difficilement ou s’agitent car ils ne se sentent pas bien. À l’adolescence, on commence à utiliser les antidépresseurs pour traiter l’anxio-dépression, mais il faut faire attention puisque cela peut déclencher des idées suicidaires.

Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, c’est un « patch » parce que cela ne solutionne qu’à court terme. Nous devons aider les jeunes à apprivoiser le stress et l’anxiété, car ils auront besoin de ces apprentissages toute leur vie.

(*) Note : c’est ainsi que, selon l’Actualité Médicale, on constate que 47% des adultes hospitalisés pour des soins de longue durée sont aujourd’hui sous anti-psychotiques. En Amérique du Nord, le virage en termes de traitement pharmacologique s’est fait plus tôt qu’en Europe, alors que c’est une équipe française qui a apporté – il y a 5-6 ans – la preuve que les anxiolytiques étaient une des principales portes d’entrée pour l’Alzheimer.

4) Faut-il envisager de conduire son enfant à l’école, et ce, même si un transport scolaire est organisé?

En fait, il est vrai que ces véhicules ne sont pas adaptés à la taille des jeunes enfants, mais je mentionnerais – encore pire – la violence psychologique que certains doivent subir de la part de leurs aînés. Depuis que je vis au Québec (27 ans), je n’ai jamais compris pourquoi on ne s’assure pas de la présence d’un adulte qui peut garantir une certaine surveillance dans les bus, afin de laisser le conducteur se concentrer sur la route.

Le gouvernement libéral de Daniel Johnson avait, en 1994, eu l’idée d’offrir une expérience d’emploi aux personnes assistées socialement, mais aptes au travail, comme accompagnatrices dans les autobus scolaires. Les groupes de défense des bénéficiaires sont montés aux barricades médiatiques et l’idée est morte-née.

Ce qui est bien dommage, car on aurait peut-être pu consolider certains emplois partiels dans les écoles, tout en offrant une meilleure sécurité dans les autobus scolaire, en impliquant des éducatrices des services de garde scolaires. Et c’est encore plus dommage quand je constate le nombre de jeunes bousculés avant même d’arriver ou au retour de l’école.

J’encourage donc vivement à conduire son jeune à l’école, tant en maternelle qu’au début du primaire. Cela permettra de réduire de nombreux cas d’intimidation traumatisant certains jeunes, car cette souffrance quotidienne affecte leur disponibilité aux apprentissages tant durant la journée de classe que lors de la période des devoirs et leçons à la maison.

ALLER PLUS LOIN

Des livres inspirants qui décrivent autant les comportements des enfants que la manière dont leur cerveau fonctionne dans les situations de la vie, ainsi que des pistes d’intervention structurantes.

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