La phobie du grand-méchant-monde…

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Actuellement, nous avons deux choix: nous recréons une société basée sur le respect et l'entraide ou nous laissons les GAFAM et autres entreprises biotechnologiques contrôler nos vies avec leurs produits parfois utiles, mais si souvent déshumanisants sans compassion et sans responsabilisation individuelle.

Le Premier ministre du Québec, M. François Legault, a poussé sur le bouton rouge le jeudi 12 mars dernier, annonçant les premières mesures de restriction des activités sociales. Il venait de prendre la balle au bond, histoire d’éviter le triste sort européen (et très probablement chinois). Puis, il pressa le bouton et mis le Québec sur pause.

Et maintenant? Deux mois plus tard. Des drames humains se bousculent à tous les coins de rue.

IL VA FALLOIR TOUT RECONSTRUIRE

La décision du PM était claire. Au delà de la distanciation physique, seuls les travailleurs essentiels pouvaient poursuivre leur travail. En ce qui concerne les médias, l’ordre était donné – pour maintenir les activités – de parler du foutu virus.

Depuis quelques mois, j’officiais comme chroniqueur sur une émission de télévision à Radio-Canada. Quelques épisodes ont abordé le COVID, mais ce n’était pas le but de cette quotidienne. L’émission a donc été stoppée prématurément.

Les autres ont dû s’ajuster. Même Julie et sa Semaine des 4 jeudis ont dû aborder le virus pour rester en onde. Depuis lors, certaines chaines diffusent en boucle des nouvelles alarmantes. La volonté de respecter la consigne, comme celle d’assurer la survie financière de l’entreprise.

Dans son livre TV-Lobotomie, mon collègue neuroscientifique Michel DesMurgets expliquait comme ce type d’annonces présentées en boucle créait un tel sentiment de panique que certains téléspectateurs développaient ce qu’il appela le Syndrome du grand méchant monde.

L’angoisse ressentie par ces personnes était telle que des comportements hautement paranoïaques étaient observables: l’autre est un ennemi. Le danger est virtuel, mais comme le virus est imperceptible, autrui devient l’assassin potentiel. Le Grand-Méchant-Monde dévore de l’intérieur, alors l’extérieur devient l’exutoire.

L’ISOLATION SALVATRICE

Bien sûr, quelques convidiot ont fait la manchette, alors que leurs frasques téméraires ou stupides peuvent contribuer à accélérer la propagation du virus à un moment où on confine les gens en santé comme les malades chez eux.

Un village, situé dans une baie de la Côte Nord, a changé son nom pour remercier son bienfaiteur, il y a une centaine d’années. Johan Beetz, vétérinaire d’origine belge appris qu’un virus mortel arrivait. Il confina le village pendant des semaines et personne ne fut affecté.

Mais, le village isolé 6 à 8 mois par année vivait en autarcie. La quarantaine ne changea que peu de choses, excepté que les bateaux ne purent ravitailler pendant quelques temps.

Toutefois, le monde est devenu un gros village. On le dit tellement depuis des années. Il y a de fortes chances que le virus COVID-19 aient déjà été présents en décembre au Québec. Cela a été démontré pour la France. Mais, à ce moment-là, personne n’en avait peur.

Il est même plus que probable que je l’aie attrapé fin janvier, en ligne direct avec un Québécois revenu de Corée à la mi-janvier. J’avais une réunion à laquelle participait aussi H. Arruda participait. Et nous avons ri de mes symptômes, car personne ne pouvait prévoir ce qui allait advenir un mois plus tard.

LA PHOBIE: L’AUTRE POURRAIT ME TUER AVEC LE VIRUS

Oui, c’est un virus qui peut être dangereux pour certaines personnes, surtout les personnes affectées par des maladies chroniques. Les personnes âgées sont plus à risque.

Mais, les réactions des citoyens m’inquiètent plus que le virus en même temps.

Le climat de peur s’est mû, dans certains lieux, en climat de suspicion. De dénonciation. De haine, parfois. C’est fou comment dans les Régions, certains citoyens sont devenus subitement furieux envers les Montréalais. Pourtant, nos belles régions vivent beaucoup du tourisme montréalais ou ontarien.

D’autres citoyens vont vous fusiller du regard si vous ralentissez ou que vous dépassez la procession dans les magasins. Pas dehors, c’est normal. Chacun son tour. Mais, quand vous hésitez entre deux produits ou que vous changez d’avis, il est normal de reculer.

Il paraît que les magasins de vêtements vont devoir placer en isolation tout tissu qui a été touché par un client. Il s’avère qu’on doit plastifier et désinfecter les sièges d’auto chez les concessionnaire.

Une amie a failli écraser une personne qui, pour être à plus de 2 mètres d’un autre passant, s’est littéralement jetée sur la route. Heureusement, l’amie ne roulait pas vite. Comme quoi, le virus fait plus peur qu’un choc avec une voiture.

Combien de gens ont peur que leur enfant, retourné à l’école, touche une feuille ou un crayon contaminés?

LA PEUR EST UNE INVITATION À LA PRUDENCE

Nous allons devoir reconstruire notre société.

Une crise économique s’en vient. Il ne faut pas croire que l’État qui distribue ses subventions grâce à l’argent des banques ne devra pas – d’une manière ou d’une autre – faire rembourser les sommes empruntées.

Une crise sociale s’en vient. Cette crise économique va affecter le filet social et médical de nos démocraties. Notre société ne s’en sortira qu’avec un engagement de chacun d’offrir le meilleur de lui-même et d’ouvrir ses bras pour embrasser celui qui aura besoin d’aide.

Une crise personnelle est déjà présente. Nous ne sommes plus dans la peur qui nous protège de notre témérité. Nous sommes dans l’angoisse qu’autrui peut nous tuer. Les relations sociales – pour quelques temps – vont subir les conséquences autant de la distanciation physique que de la perte de confiance en l’autre.

QUEL CHEMIN CHOISIRONS-NOUS?

En fait, nous avons deux choix: nous recréons une société basée sur le respect et l’entraide ou nous laissons les GAFAM et autres entreprises biotechnologiques contrôler nos vies avec leurs produits parfois utiles, mais si souvent déshumanisants sans compassion et sans responsabilisation individuelle.

Nous allons donc devoir reconstruire notre société.

Cela passe par soi-même.

Cela passe par notre famille.

Cela passe par nos amis et collègues de travail.

Cela passe par la confiance dans les membres de notre communauté.

Un pas à la fois.

OK. Ne vous touchez pas. Mais souriez. Faites un signe de la main. Choisissez d’avoir confiance.

Soyez en paix avec vos décisions. Choisissez de déployer votre sérénité.

Et si l’autre a peur de vous, choisissez la bienveillance et la compassion…

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