Éviter de devenir un adulte-hélicoptère

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Le concept de « parent-hélicoptère » existe depuis quelques années pour décrire des attitudes ultra-protectrice d’un parent auprès de son enfant. Pourtant, je vous propose de l’élargir à l’ensemble des adultes qui tournent autour des enfants. Cela peut ainsi impliquer un grand-parent, mais aussi une éducatrice en milieu de la petite enfance ou une enseignante au primaire.

Pour ceux qui connaissent Le Petit Spirou, une bande-dessinée humoristique mettant en scène la jeunesse de Spirou, les parents du garçon sont tristes à mourir, tellement ils sont parfaits. Un peu comme les parents de Caillou, la série animée québécoise, qui propose une image surréaliste du rôle de parent.

Spirou se sent en confiance avec Mademoiselle Chiffre, son enseignante, qui est pleine de défauts. Il se sent rassuré, car elle ne cherche pas la perfection. Seules les mathématiques sont parfaites. La peur des gaffes de l’enfant est ainsi tempérée par toutes les maladresses de son enseignante adorée.

Il y a toutefois une autre forme de parents qui est étouffante pour un enfant. À court terme, l’adulte croit bien faire. À moyen terme, les blessures d’envahissement, d’abord, et d’abandon, ensuite, sont continuellement stimulées. L’enfant et l’ado n’auront pas le choix que de réagir avec la colère ou s’effondrer.

L’ADULTE-HÉLICOPTÈRE

Le concept de « parent-hélicoptère » existe depuis quelques années pour décrire des attitudes ultra-protectrice d’un parent auprès de son enfant. Pourtant, je vous propose de l’élargir à l’ensemble des adultes qui tournent autour des enfants. Cela peut ainsi impliquer un grand-parent, mais aussi une éducatrice en milieu de la petite enfance ou une enseignante au primaire.

C’est un enjeu relationnel plus ‘yin’ que ‘yang’, donc les mamans ou les femmes en général sont plus à risque de développer cette dynamique relationnelle.

Toutefois, il existe des bardes qui préfèrent chanter pendant que Astérix et Obélix vont botter les fesses des soldats romains du camp de Babaorum, sans oublier que des Amazones sont prêtes à enfourcher leur cheval pour gambader par monts et par vaux.

Le ‘yin’ accueille inconditionnellement, là où le ‘yang’ encourage l’émancipation et l’autonomie.

LA VIE AVEC L’ADULTE-HÉLICOPTÈRE 

Quand je faisais mon bac en pédagogie, un prof nous expliqua que certaines mamans pouvaient suivre en auto l’autobus scolaire pour s’assurer que son enfant arrivait à bon port. C’est la maman qui va tout faire à la place de son enfant, alors qu’il a l’âge de réaliser certaines tâches familiales, comme vider le lave-vaisselle ou rentrer du bois pour alimenter le foyer, en passant par la préparation de l’inévitable boîte-à-lunch de son ado de 15 ans. Quelque part, le jeune y trouve son compte, mais il finira par se rebeller pour éviter de sentir l’étouffement.

Dans une garderie, c’est aussi l’éducatrice qui va vouloir tout contrôler pour s’assurer non seulement de la sécurité des jeunes enfants, mais aussi de la perfection du dessin ou du bricolage, ainsi que de certaines manières de se tenir sur sa chaise pour le préparer à entrer à l’école. Tout doit être parfait. Animée autant par la volonté d’être appréciée par les parents que de rencontrer les critères du ministère, elle agit surtout pour éviter que l’enfant ne rencontre pas les critères comportementaux quand il sera scolarisé.

Dans une école, c’est la volonté de contrôler la posture et le degré d’attention de l’élève. Un parent m’avait rapporté, par exemple, que l’enseignante de leur enfant avait collé sur son bureau « je dois regarder tout le temps mon professeur ». L’enfant, traumatisé, n’osait plus ne serait-ce que fermer les yeux un instant.

Un ado me racontait récemment que, lorsqu’il réfléchissait, son enseignante venait claquer des doigts à quelques centimètres de son visage pour forcer le ‘retour à la posture d’écoute’. Six ans plus tard, il en était encore stressé et s’excusait continuellement.

Par ailleurs, nombre de parents perçus comme des « parents rois » par les enseignants sont simplement des parents-hélicoptères qui souhaitent le meilleur pour leur enfant ou leur ado. Si l’équipe scolaire peut comprendre que c’est seulement la manifestation d’une angoisse, peut-être pourra-t-elle prendre le temps de rassurer le parent en expliquant la démarche pédagogique ou la position disciplinaire nécessaire pour encadrer les jeunes de l’école… L’écoute respectueuse est souvent plus féconde que le jugement.

QUELLES SOURCES? 

Deux sources vont alimenter cette attitude surprotectrice qui voit l’adulte planer continuellement au-dessus des enfants et des adolescents.

La première, c’est l’angoisse. Dans de tels cas, l’adulte a souvent vécu une enfance douloureuse en ayant vécu une succession d’abus (psychologiques, physiques ou sexuels), l’absence de réconfort quand il n’allait pas bien (parent absent, alcoolique ou workoolique) ou, encore, il a été parentalisé parce qu’un de ses parents était affecté par une maladie envahissante ou qu’il a cru qu’il devait répondre aux besoins de son parent pour qu’enfin il prenne soin de lui à un âge où c’est le parent qui aurait dû prendre soin de lui.

Devenu parent, il a tellement peur que son enfant rencontre les mêmes difficultés qu’il va tenter, parfois par tous les moyens, et ce, y compris en mettant beaucoup de pression sur l’équipe éducative, de contrôler l’environnement familial, éducatif, scolaire, sportif, etc., qu’il peut en devenir agressif envers la personne qui résiste. Pour désamorcer ce comportement, le lien de confiance que l’intervenant créera avec le parent permettra de ramener la sérénité.

Dans d’autre cas, c’est une forme de personnalité narcissique – basée également sur une enfance bousculée autour des 5 ou 15 ans. Le contrôle devient alors une manière de s’assurer que l’on est parfait. Ou, du moins, s’assurer de protéger au maximum son image envers les autres. Le désir de démontrer la perfection passe par la perfection des personnes dont on a la charge, tel qu’observable dans les activités. On retrouvera dans cette catégories certains parents-GO ou parents-rois animés par un profond désir d’être parfait.

Dans un cas comme dans l’autre, il y a une difficulté à lâcher prise et une grande rigidité va conditionner les interventions, quitte à devenir extrêmement envahissant tant pour le jeune que pour l’entourage.

ÉVITER D’ÊTRE UN HÉLICOPTÈRE 

C’est toujours une question d’équilibre. Le laxisme est dommageable, l’hélicoptère l’est tout autant. La démarche réflexive nous permet, dès lors, de viser le déploiement d’une autonomie adaptée à la compétence actuelle, tout en encourageant le développement affectif et social du jeune.

Considérant cela, il devient utile de déterminer ce que les enfants ou les ados sont capables de faire en fonction tant de leur âge que de leur singularité. Un échange avec votre partenaire de vie est non seulement très utile pour assurer un minimum de cohérence, mais surtout nécessaire pour que chacun soit impliqué.

En effet, il a souvent pris la polarité opposée dans le sens où un adulte-hélicoptère s’associe avec un autre adulte qui, d’une manière claire ou subtile, laisse l’entière responsabilité de la discipline à l’autre. Un peu comme le duo bon-flic / méchant-flic.

Contrairement aux officiers de police qui utilise cette polarité comme stratégie d’enquête, la dynamique du couple est généralement inconsciente. Elle s’installe rapidement lorsque se forme le couple et elle sera maintenue en place parce qu’elle est, malgré les probables reproches, souhaitée par l’un comme par l’autre, car elle permet souvent de « tempérer » des peurs, des manques et des attentes légitimes.

L’idée n’est pas de critiquer ou de moraliser. L’idée, c’est d’amener une réflexion, de cibler les forces comme les défis, pour se donner les moyens de tempérer ce qui n’a plus de sens et d’opérer sous une dynamique plus en équilibre, plus en harmonie, plus en phase avec les personnes que vous êtes devenues aujourd’hui.

TROUVER L’ÉQUILIBRE

Quelques propositions pour aider les enfants et les ados à prendre leurs responsabilités: 

  1. apprendre à lâcher-prise; 
  2. établir une liste de tâches domestiques que l’enfant est capable de réaliser comme « service à la communauté familiale »;
  3. favoriser leur propre démarche réflexive quant à leurs bons et moins bons coups.

Alors, observez-vous et regardez comment l’enfant ou l’ado agit ou réagit… Vous serez surpris!

À bientôt,

Joël Monzée
Docteur en neurosciences

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